Immigration francophone: un comité parlementaire suggère d’augmenter la cible à 12 % immédiatement

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Le Comité permanent des langues officielles encourage le gouvernement à accroître son taux d’immigration francophone à 12% dès maintenant. Photo: iStock.com/olm26250
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Publié 19/04/2024 par Chantallya Louis

Dans un rapport publié le 18 avril, le Comité permanent des langues officielles encourage le gouvernement fédéral à accroître son taux d’immigration francophone à 12% en 2024 et à atteindre progressivement un taux de 20% en 2036. Il s’agit de la première de 19 recommandations.

«Des mesures doivent être prises rapidement pour accroître l’immigration francophone dans les communautés francophones en situation minoritaire et au Québec», alertent les parlementaires dans un communiqué de presse.

Dans son plus récent rapport, intitulé Ouverture sur la Francophonie internationale : Optimiser l’immigration francophone au Canada, le Comité permanent des langues officielles présente 19 recommandations au ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté Canada (IRCC).

«À l’heure actuelle, le recrutement et l’intégration d’immigrants ayant le français comme première langue officielle parlée sont parmi les moyens les plus importants pour accroître le nombre de francophones au pays», peut-on lire dans le document.

12 députés

Le Comité permanent des langues officielles de la Chambre des communes est composé de 12 députés.

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René Arseneault
René Arseneault.

Il est présidé par René Arseneault, député libéral du Nouveau-Brunswick, et ses vice-présidents, le conservateur Joël Godin et le bloquiste Mario Beaulieu, tous deux du Québec.

Les autres membres du comité sont : les conservateurs Marc Dalton (Colombie-Britannique), Bernard Généreux (Québec), Stephanie Kusie (Alberta); les libéraux Francis Drouin (Ontario), Angelo Iacono (Québec), Annie Koutrakis (Québec), Darrell Samson (Nouvelle-Écosse) et Marc Serré (Ontario) et la néodémocrate Niki Ashton (Manitoba).

Augmenter la cible en immigration

La première recommandation faite au ministre de l’Immigration, Marc Miller, est de reconnaître que les cibles fixées pour augmenter le taux actuel de l’immigration francophone ne sont pas suffisantes.

Au début du mois de novembre 2023, Marc Miller avait annoncé vouloir atteindre une cible progressive allant de 6%, en 2024, à 8% en 2026.

Dans cette optique, les parlementaires rappellent que l’immigration francophone est inscrite dans le préambule de la nouvelle loi sur les langues officielles, et reconnue comme un moteur économique et démographique.

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«La Loi modernisée impose de nouvelles obligations en matière d’immigration francophone au ministre de l’IRCC», indique le comité dans son rapport.

Par ailleurs, la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) avait démontré son insatisfaction face à l’annonce de Marc Miller.

L’organisme souhaiterait voir une cible de 12% en 2024, qui grimperait progressivement à 20% en 2036, afin de rétablir le poids démographique des francophones en situation minoritaire à 6,1%, soit celui du recensement de 1971.

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Le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté canadienne, Marc Miller. Photo: Chantallya Louis, Francopresse

Reconnaissance des diplômes

Les parlementaires demandent aussi au ministre Marc Miller d’améliorer le processus de reconnaissance des titres et des compétences étrangers, en travaillant de concert avec les provinces et les territoires.

L’objectif est de «combler la pénurie de main-d’œuvre dans les communautés francophones en situation minoritaire, notamment dans les domaines de la petite enfance, de l’éducation et de la santé et que [le ministre de l’Immigration] tienne compte des besoins des communautés rurales», avance le rapport.

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Lors des réunions du comité, plusieurs témoins ont soutenu que le processus de reconnaissance des acquis était un frein à l’intégration socioéconomique des immigrants dans les communautés francophones en situation minoritaire.

LLO, Loi sur les langues officielles
La réforme récente de la Loi sur les langues officielles impose des obligations en matière d’immigration francophone.

Le directeur général de la Division scolaire franco-manitobaine (DSFM), Alain Laberge, avait affirmé, lors d’une audience le 16 juin 2023, qu’il était difficile pour les régions ou les communautés éloignées de retenir des enseignants et le personnel.

«Nous ne [pouvons] pas accorder le statut d’enseignant aux cinq, six, sept ou huit enseignants que nous pourrions avoir tant et aussi longtemps que leur diplôme ne sera pas reconnu au Canada, avait-il partagé aux parlementaires. Cela implique souvent un retour à l’université pour eux.»

Favoriser la rétention et le recrutement

Selon le rapport, Alain Laberge soutient que des mesures peuvent être prises en charge par le gouvernement pour favoriser la rétention et le recrutement du personnel des écoles au sein des communautés linguistiques en milieu minoritaire.

Le directeur général suggère, entre autres, la mise en place d’échanges culturels professionnels, culturels scolaires, une perméabilité de la reconnaissance des diplômes et des crédits secondaires et universitaires, ou encore l’octroi de bourses pour des stages en milieu minoritaire.

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Martin Normand. Photo: Guillaume Lamy.

Par ailleurs, lors de son témoignage devant le comité le 27 septembre 2023, le directeur de la recherche stratégique à l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC), Martin Normand, a tenu à souligner que même si la reconnaissance des acquis est prise en charge par les gouvernements provinciaux et territoriaux, la certification peut être difficile à obtenir pour les francophones vivant en milieu minoritaire, en raison du manque de personnel qualifié pour évaluer leurs compétences.

Dans leur rapport, les parlementaires préconisent également au ministre d’IRCC d’élaborer un programme économique pour l’immigration francophone dans les communautés linguistiques minoritaires et de traiter rapidement les demandes de permis de travail postdiplôme des étudiants étrangers francophones.

D’autres recommandations touchent la présence de bureau d’immigration du Canada dans les pays de l’Afrique francophone, la fraude et les services d’établissement.

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La présidente de la FCFA, Liane Roy. Photo: Chantallya Louis, Francopresse

Rapport bien accueilli

Dans une déclaration fournie par courriel, la FCFA qualifie le rapport de «très étoffé» et d’«utile» pour le gouvernement et les communautés.

«C’est aussi très significatif que le rapport ait été endossé par tous les partis», a ajouté la présidente de la FCFA, Liane Roy.

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De son côté, un porte-parole d’IRCC, Remi Lariviere, soutient, dans une déclaration écrite, que le ministère accueille favorablement le document des députés: «Nous sommes en train d’examiner le rapport et ses recommandations afin de déterminer la meilleure voie à suivre.»

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