Ils découvrent des journaux de 1885 lors de travaux de rénovation

Près d'une église de Caraquet

journaux acadiens de 1885
Sylvain Lanteigne montre des bouts de journaux datant de 1885, trouvés pendant les rénovations d’un appartement d’une résidence de Caraquet. Photo: Réal Fradette
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Publié 27/11/2020 par Réal Fradette

La réparation d’un dégât d’eau dans un appartement au deuxième étage d’une résidence située tout près de l’église Saint-Pierre-aux-Liens de Caraquet, au Nouveau-Nrunswick, s’est transformée en découverte historique, entre deux rangées de vieilles planches: de vieux journaux, en lambeaux, certains datant de 1885.

La découverte a été faite par Sylvain Lanteigne et Mathieu LeBlanc, tous deux copropriétaires de l’édifice.

1885, c’est l’année où le chef métis Louis Riel a été pendu à Regina, après la défaite de Batoche. John A. Macdonald est encore premier ministre du Canada et le chemin de fer trans-canadien est complété. Grover Cleveland est assermenté président des États-Unis et la Statue de la Liberté arrive dans le port de New York. Les puissances européennes se partagent l’Afrique. Louis Pasteur et Émile Roux testent leur vaccin contre la rage. Karl Benz lance la première automobile et John Kemp Starley la première bicyclette moderne.

Le Courrier des provinces maritimes

«Quand j’ai aperçu ça et que j’ai vu la date, je me suis dit que j’avais mal lu. Puis, j’en ai trouvé d’autres», raconte Sylvain Lanteigne, en manipulant soigneusement ce qui reste de ces éditions originales du Courrier des provinces maritimes.

Le plus vieux de ces bouts de papier jauni date du 27 août 1885. Il s’agirait en fait de la toute première édition de cet hebdomadaire. Les plus beaux morceaux sont du 10 septembre de la même année. Il y en a aussi de 1890.

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Sylvain Lanteigne a aussi trouvé un journal de 1907 dans le grenier.

journaux acadiens de 1885
Le Courrier des provinces maritimes a été fondé le 27 août 1885 par J. Théophile Allard, A. A. Boucher et Valentin Landry. Photo: Réal Fradette

Les traces d’un développement francophone

Cette résidence est reconnue historiquement pour avoir abrité les travailleurs appelés à ériger le Collège Sacré-Cœur de 1899 à 1905, précise l’historien Bernard Thériault.

«À cette époque, on se servait de journaux pour isoler les murs. C’est une découverte intéressante, car c’est une photo du début de l’âge d’or de Caraquet, avec l’arrivée du train en 1886 et les premiers jets d’un développement économique francophone et acadien avec le collège et un journal francophone», a-t-il relaté en observant les photos prises par le journal.

Selon ce que nous apprend le site Wikipédia, le Courrier des provinces maritimes a été fondé le 27 août 1885 par J. Théophile Allard, A. A. Boucher et Valentin Landry (lui-même fondateur de L’Évangéline). Il était publié à Bathurst.

Édité par un futur premier ministre

Le futur premier ministre du Nouveau-Brunswick, Peter Veniot, en est devenu l’éditeur et l’imprimeur en 1887, puis le propriétaire en 1891.

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En 1899, Peter Veniot a vendu le journal à Onésiphore Turgeon qui a continué à le publier jusqu’en 1903, date de la fermeture pour raisons financières.

Les sujets de prédilection du Courrier des provinces maritimes étaient la politique, la religion, l’éducation, l’agriculture et la pêche. Le journal a véhiculé l’idéologie nationaliste des élites acadiennes dans le comté de Gloucester, en se faisant le champion des droits et des intérêts des Acadiens.

Défense des Acadiens par le curé Allard

Sur le frontispice du journal du 10 septembre 1885, le nom du curé J. Théophile Allard est inscrit au crayon de plomb.

Reconnu pour avoir été un prêtre qui a servi fidèlement l’Église et qui a défendu les Acadiens du Nord-Est, le curé Allard a débuté sa carrière sacerdotale en 1868, comme vicaire du curé Joseph-Marie Paquet à Caraquet. Après un séjour de sept ans à Pokemouche-en-Haut, il obtient la paroisse de Caraquet en 1876.

Il quitte la ville en 1879 avant de revenir en 1885, où il laisse un héritage par l’entremise de la construction du Collège Sacré-Cœur, dont les travaux débutent en 1894. Il meurt à Caraquet le 30 janvier 1912. Il avait demandé qu’à sa mort, on retire son cœur. Ce dernier a été exposé au collège avant de bruler dans l’incendie de 1915.

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«Le curé Allard a été la personnalité la plus importante de Caraquet à cette période et l’humilité n’était pas sa plus grande qualité», plaisante Bernard Thériault, qui propose aux découvreurs de ces artéfacts vieux de 135 ans de les présenter au Musée acadien de Caraquet.

Valeur historique

«Avec le dégât d’eau, il a bien fallu enlever le plancher de la salle de bains. C’est là qu’on a remarqué ces journaux entre deux rangées de vieilles planches. Pourquoi des journaux là? On pense que ça pouvait servir d’isolant», souligne Sylvain Lanteigne.

Pour le moment, il garde ces pièces abîmées dans un coin, à l’abri. Il ne sait pas trop quoi en faire, mais il aimerait bien trouver une manière de les conserver. «Je pense que ça peut avoir une valeur historique», conclut-il.

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