Hédi Bouraoui a adopté le pays de la mosaïque

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Publié 18/03/2013 par Paul-François Sylvestre

Hédi Bouraoui a publié une vingtaine de recueils de poésie, une douzaine de romans ou récits et une dizaine d’essais, plus des nouvelles dans une demi-douzaine de revues. Ses sujets de prédilection sont les chevauchements et les brassages culturels. Son plus récent roman, Le conteur, se loge à cette enseigne.

Le personnage principal est Samy Ben Meddah, un Franco-Ontarien d’origine africaine, qui rêve de relier les deux rives du monde méditerranéen avec le Canada. Il prône la tolérance et la paix entre les peuples de toutes les nations et de toutes les croyances.

Il est l’avocat de l’harmonie entre les êtres, du transculturalisme qui transcende et transvase ses données pour recevoir la pluralité essentielle des différences.

Comme Samy est un conteur, on a droit à des «mots-fleur d’oranger, mots-menthe, mots-citron, mots-basilic, mots-cannelle, mots-curcuma, mots-érable, mots-sapin…».

Il est question d’une «parole écrite, orale, populaire, élitiste, enfantine, politique, morale, philosophique, religieuse, médiatique…»

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Qu’il s’agisse de parole ou d’écriture, l’important est de communier.

Au début, à Toronto, Samy est l’objet de moquerie en raison de son accent. Il est l’immigré récent, le Néo-Canadien, mais jamais un Canadien.

Aujourd’hui, il habite une Ville Reine où l’on entend plus de cent soixante langues étrangères, où «chacun se distingue non seulement par son turban de Sikh, sa kippa juive, son voile de musulmane, sou boubou africain, son sari indien… mais aussi par sa démarche, sa façon de se frayer un chemin dans la foule, sa conduite en voiture…

Allures chamarrées qui se côtoient dans une cohabitation bon enfant qui fait rêver d’autres pays!»

Le Toronto de Samy est de toute évidence la Vielle Reine d’Hédi Bouraoui.

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Pour l’un et l’autre, le Canada est devenu un pays d’adoption, un pays où cohabitent, «côte à côte, synagogue, mosquée, temple bouddhique… ce qui fait honneur au pays de la mosaïque!»

Bouraoui aime étayer son récit d’envolées poétiques, dont en voici un exemple: «Se lover dans le mythe Méditerranée / Ce creuset de valeurs / De civilisations chevauchantes / qui n’en finissent pas d’étonner / Pour lesquelles les peuples se sont affrontés souvent / Et se sont rapprochés de temps en temps.»

La rédaction du Conteur repose sur une minutieuse recherche historique. Il est longuement question, par exemple, de Frédéric II de Hohenstaufen, un Italien du XIIIe siècle, qui devint empereur et «pionnier d’une conscience planétaire bien avant la lettre».

On devine aisément que Samy Ben Meddah est l’alter ego d’Hédi Bouraoui. À partir de Puglia, dans la botte italienne, le premier découvre que l’on peut revendiquer un héritage où se superposent et se mêlent l’apport berbère, phénicien, grec, romain, musulman, juif et chrétien.

À partir de Toronto, sur les bords du lac Ontario, le second prône l’inter-culturalisme, ce carrefour de civilisations qui est garant d’un dialogue d’harmonie et de paix.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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