Haïti: décentraliser pour mieux développer les régions

Éveil Grand Sud

Haïti, Éveil Grand Sud
Rudolf Dérose, Jean François Tardieu et Charlot Murat, membres d’Éveil Grand Sud. Photo: courtoisie
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Publié 21/04/2025 par Annik Chalifour

L’organisation Éveil Grand Sud (EGS) figurait parmi les intervenants ayant participé à la 7e édition des Journées Internationales de la diaspora d’Haïti au Canada récemment tenue à Montréal.

Voici un aperçu des aspirations de cette organisme visant l’autonomie de la région du Grand Sud d’Haïti afin d’assurer son développement durable, présenté par trois de ses membres: Charlot Murat, coordonnateur général, Jean François Tardieu, chargé de la Commission scientifique, Rudolf Dérose, secrétaire général.

Éveil Grand Sud est une organisation haïtienne sans but lucratif créée par un groupe d’agriculteurs en 2022.

Appuyer l’économie locale durable

«La mission d’Éveil Grand Sud consiste à œuvrer pour la promotion de l’économie sociale et solidaire; le renforcement des capacités des entrepreneurs, des agriculteurs en particulier; la protection de l’environnement/la sécurité alimentaire; l’encadrement des groupes vulnérables, et la formation participative », d’expliquer Rudolf Dérose.

La région du Grand Sud inclut les départements de la Grand ‘Anse, des Nippes, du Sud, du Sud-Est, de la Région des Palmes et l’île de la Gonâve, caractérisée par sa situation côtière et ses activités agricoles.

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Haïti
Le Grand Sud d’Haïti inclue la région des Palmes, l’île de la Gonâve et bientôt la commune de Fonds Verrettes. Carte: Google

Son histoire est marquée par ses liens avec la mer des Caraïbes. Avec des ports ouverts au commerce extérieur, jusque dans les années 80.

Les efforts d’Éveil Grand Sud ont été utiles pour la prise de décision de l’ouverture du port de Saint-Louis à St-Louis du Sud, en janvier 2025. Une initiative privée qui, depuis tantôt 25 ans, attendait l’autorisation de fonctionnement de l’État haïtien.

Dans la même veine, l’aéroport des Cayes a été aussi élevé au rang d’aéroport international en mars 2025.

Symposium du Grand Sud

En octobre 2024, l’organisation a mis sur pied le Symposium du Grand Sud réalisé à l’Université Publique du Sud aux Cayes (UPSAC) réunissant les représentants des départements cités ci-haut et de la Région des Palmes.

L’événement a permis d’élaborer un manifeste du développement économique et social du Grand Sud.

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Une série de rencontres communales a été lancée en décembre 2024 dans le but d’atteindre l’ensemble des communes de la région.

«Des commissions permanentes ont été mises en place afin de poursuivre les réflexions entamées avec l’UPSAC, incluant la commission chargée d’élaborer le plan de développement stratégique du Grand Sud, la commission sur les infrastructures et l’énergie, ainsi que la commission dédiée à la réforme constitutionnelle», a précisé le secrétaire général.

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Symposium du Grand Sud. Photo: courtoisie

Les parties prenantes

«Plus de 1300 adhérents ont signé en tant que citoyens indépendants et ou représentants d’organisations de la société civile des quatre départements (Sud-Est, Nippes, Sud, Grande Anse et de la Région des Palmes).»

«Les quatre Chambres de commerce du Grand Sud et les universités publiques sont parties prenantes. EGS est actuellement en pourparlers avec La Fédération des Maires du Grand Sud pour l’inviter à s’associer au mouvement du Symposium», a témoigné Charlot Murat, coordonnateur général de EGS.

Prioriser l’autonomisation

Éveil Grand Sud estime que les atouts de la région lui permettent amplement de prendre en mains sa propre destinée.

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Soulignons que la décentralisation de l’administration d’Haïti est un prescrit de la Constitution de 1987. Il faut aller plus loin en exigeant l’autonomie des régions telle le Grand Sud, selon GES.

Par ailleurs la centralisation des activités du pays dans la capitale favorise la corruption et l’exode des citoyens vers la capitale.

Plus de 85% de l’argent en circulation dans la République, selon la Banque de la République d’Haïti, est concentré dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince.

Appel stratégique à la diaspora haïtienne

Les prochaines étapes envisagées ont déjà démarré. Une feuille de route est en cours d’élaboration afin d’orienter les actions futures par la mise en œuvre de mesures propices à assurer le succès de l’opération, incluant l’apport de la diaspora.

«Depuis au moins trois décennies, il y a fuite de nos compétences vers les États-Unis et le Canada. La situation délétère ayant provoqué l’effondrement de l’économie nationale fait que la diaspora, à travers les transferts monétaires, s’est convertie en service social pour le pays», a souligné Rudolf Dérose.

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«Toutefois, ces transferts sont mal canalisés; ils servent quasi totalement à la consommation et non à l’investissement. Notre démarche, dans le souci d’une autonomie nationale, avec le Grand Sud comme projet pilote, est d’inviter la diaspora à réviser son approche en consacrant une portion de leur épargne à l’investissement.»

«À raison de transferts évalués à une moyenne de trois milliards de dollars US l’an, ces trente dernières années sont le témoin silencieux de 90 milliards $ n’ayant pas servi au développement.»

Créneaux d’implication et d’investissements

«Un portefeuille de projets, avec des notes conceptuelles et des plans d’affaires, est en train d’être constitué pour offrir des créneaux d’implication et d’investissements aux concitoyens de la diaspora, ce, en harmonie avec les besoins identifiés pour chaque région, en fonction de leur potentiel et de leurs ressources», a précisé Wooslène Vanginé, secrétaire général adjoint par téléphone durant l’intervention.

La formule clairement transmise à Montréal fut bien reçue: s’impliquer, avec ses compétences et son argent, à travers des mécanismes capables de garantir le succès des investissements.

«Ou ka retire ayisyen nan Ayiti men ou pap ka retire Ayiti nan nanm ayisyen an. Peyi an pa gen pye li pa gen bouch Se nou menm citoyen yo ki pou aji; sinon, nap pèdi peyi an» (De toute façon on peut enlever l’Haïtien d’Haïti, mais on ne peut pas enlever Haïti de l’âme de l’Haïtien. Le pays n’a ni pied ni bouche. C’est à nous autres citoyens d’agir, sinon on va perdre le pays), a lancé Charlot Murat.

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Contacts: [email protected] ou [email protected].

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