Grégoire Delacourt écrit pour vivre

Grégoire Delacourt, L’Enfant réparé
Grégoire Delacourt, L’Enfant réparé, roman, Paris, Éditions Grasset, 2021, 240 pages, 32,95 $.
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Publié 27/02/2022 par Paul-François Sylvestre

Quand un écrivain voit un de ses romans traduit en 35 langues et vendu à plus d’un million d’exemplaires, c’est que sa création littéraire fait du bien. Grégoire Delacourt poursuit sa route maintenant avec L’Enfant réparé, un poignant récit autobiographique, une sorte d’enquête introspective profonde. Il remonte à son enfance muette, à cette absence de souvenirs qui le pousse à écrire.

Il devient de nouveau l’enfant tourmenté, cette fois dans le brouhaha du corps d’un homme. «Comment peut-on reconnaître ce qu’on ne vous a jamais donné? C’est tellement difficile d’écrire sur le vide.»

Delacourt incompétent au bonheur

Delacourt se questionne sur son incompétence au bonheur. Il reconnaît qu’on ne peut pas se cacher de soi-même, et il se met à écrire, à se raconter.

«Car écrire, c’est parler une langue posthume. C’est se souvenir de l’oubli et se traduire en verbe. Écrire, c’est se jeter sans avoir vu aucun fond, écouter se briser ses mots comme des os ; prendre le risque de mourir mais aussi celui de vivre.»

Son père est décrit comme une série de silences, d’absences et des portes closes. Sa mère lui manque, parce qu’il veut encore des mots d’elle. Il se demande pourquoi elle l’éloigne chaque jour davantage.

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Couple triste

Quant à son épouse, elle croit que tout va s’effondrer en passant de l’an 1999 à 2000. «Notre couple fut seul à s’effondrer.» Et plus loin, il ajoute: «notre couple était une apparence, joyeuse dehors, triste dedans».

Le texte est émaillé de brèves réflexions lapidaires comme: «Le sexe semble un manque et l’amour un tourment». Ou encore: «les mots de mes livres et ceux de ma vie se boxent».

Il faut lire entre les lignes

Le style est acéré et précis. Le regard sur soi est d’une lucidité exceptionnelle. Les mots sont justes et deviennent des grenades dans ses mains. Le destin parfois les arrache, mais tout ne s’écrit pas. Il faut lire entre les lignes.

On voit comment l’écriture a d’abord permis à Delacourt de subsister, puis de fuir sa famille et ses souvenirs, avant de devenir une démarche créatrice jalonnée des traces cachées de ses douleurs d’enfance.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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