Gabriel Osson: devoir de mémoire, espoir pour l’avenir

Gabriel Osson, D’ici et d’ailleurs
Gabriel Osson, D’ici et d’ailleurs, poésie, Oshawa, Éditions Terre d’accueil, 2021, 88 pages, 14,95 $.
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Publié 23/01/2022 par Paul-François Sylvestre

Gabriel Osson considère que les mots lui sont prêtés pour être utilisés avec parcimonie. Il ne doit jamais les user, encore moins les vider. «Je suis un gardien des mots / parmi tant d’autres / qui aspire à transmettre / la mémoire jusqu’à son terme.»

Ailleurs n’est pas mieux qu’ici
ici ou ailleurs qu’importe
ce que je fuis
réside partout où je suis 

Ainsi s’ouvre D’ici et d’ailleurs, le tout nouveau recueil de poésie de Gabriel Osson, publié par Terre d’accueil, une maison d’édition située à Oshawa et dont la mission consiste à souligner la contribution d’autrices et auteurs au développement de leur société d’accueil.

Envolées poétiques

Plusieurs pages d’histoire font l’objet d’envolées poétiques, même lorsqu’il s’agit de dénoncer l’esclavage ancien et nouveau.

Il rappelle, par exemple, les treize idéalistes qui ont abandonné leur vie américaine pour combattre le tyran dans les maquis du sud d’Haïti, sujet de son roman Le jour se lèvera.

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Il reprend un texte publié dans le collectif Poèmes de la résistance pour fustiger les ignares insensibles à 400 ans de présence francophone en Ontario.

Catastrophes

Plus près de nous, il fait écho au séisme qui, en 30 secondes, a envoyé 230 000 âmes au pays des ancêtres.

Il a une pensée pour toutes ces personnes âgées parquées «dans des usines à oubli», dans des «mouroirs dépressifs».

Un mot aussi pour tous les soignants de la covid qui n’ont plus assez de mains pour suffire à la tâche. «Et le cœur, qui s’occupe du cœur?»

Absence de ponctuation

L’absence de ponctuation est parfois un signe de pause, comme dans « le mot se fait se tait s’éteint», ou un signe de débit rapide lorsqu’il écrit que ses mots se lisent «à Toronto Québec Bruxelles Paris Haïti Yaoundé».

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Parfois, on imagine une légère pause dans la version orale ou chantée.

Gabriel Osson n’est pas d’ici et point d’ailleurs. Il est d’Afrique et de France, d’Haïti et du Canada, «pris entre deux cultures qui ne semblent jamais vouloir tout à fait de moi», le monde est sa patrie.

Le recueil est un parcours, un voyage, un exil, grâce à des mots finement ciselés, certains devenus des chansons.

Haïti meurtrie

Dans plusieurs poèmes, les mots pleurent pour Haïti… Déplorent ses trésors dilapidés et ses ressources pillées… S’épanchent sur ces enfants affamés d’espoir et sans futur.

Le poète se demande ce qui a bien pu arriver pour qu’un peuple soit «toujours à recommencer sans jamais arriver nulle part».

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On apprend qu’il faut parfois quitter son pays pour mieux apprécier sa beauté. C’est le cas de ceux qui ont désormais pour bannière un drapeau étoilé ou une feuille d’érable.

Haïti n’a pas dit son dernier mot

Au terme de notre lecture D’ici et d’ailleurs, nous savons qu’Haïti n’a pas dit son dernier mot. L’auteur est là pour célébrer la transmission de la mémoire et les perspectives d’avenir.

Romancier, poète et artiste peintre franco-ontarien, Gabriel Osson anime l’émission hebdomadaire Franco Découvertes à CHOQ FM 105.1. Il a été lauréat du prix Alain-Thomas 2021.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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