Fusée lunaire: SpaceX peut-elle livrer la marchandise dans les délais ?

Falcon Heavy-fusee-SpaceX
Capture d'écran du 4e lancement de Super Heavy en juin 2024. Source: SpaceX
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 06/06/2025 par Pascal Lapointe

Après neuf lancements, dont les trois derniers se sont traduits par des échecs, des questions se posent sur la capacité de la super-fusée d’Elon Musk à devenir rapidement la solution de remplacement aux voyages vers la Lune. Sans compter le rêve d’une mission vers Mars.

«Je m’attendais à plus de progrès de SpaceX à ce moment-ci», déclare dans le New Scientist la consultante de l’industrie spatiale Laura Forczyk. Elle fait partie d’un groupe croissant de gens qui, ces derniers mois, ont remis en doute la dépendance de la «communauté spatiale» envers cette compagnie et la capacité de celle-ci à livrer la marchandise dans un futur qui ne serait pas trop éloigné.

Un lancement, trois échecs

Le 27 mai, la fusée Super Heavy — la plus puissante fusée jamais construite — a été lancée de la base de SpaceX, au Texas. Elle a atteint l’espace — plus de 100 km d’altitude — mais le reste a ensuite été marqué par pas moins de trois échecs.

• Les communications avec le lanceur — la portion inférieure de la fusée — ont été interrompues quelques minutes plus tard, empêchant de contrôler son retour sur Terre. Le lanceur s’est perdu dans le golfe du Mexique.

• La partie supérieure, appelée Starship, s’est mise à tourner sur elle-même de façon incontrôlée, puis elle s’est désintégrée dans l’atmosphère après une fuite de carburant.

Publicité

• Les portes de Starship ne se sont pas ouvertes, empêchant de mettre en orbite les faux satellites qu’il transportait.

Essais et erreurs

Certes, la compagnie SpaceX, ou du moins son fondateur Elon Musk, présente chaque vol  comme une «occasion d’apprendre» par essais et erreurs. Mais avec trois échecs pour ce seul neuvième vol, et des explosions imprévues lors des deux précédents lancements, en janvier et mars, la communauté qui attend des résultats se demande combien de temps il faudra avant que la Super Heavy ne devienne fiable.

Après tout, l’autre fusée de SpaceX, la Falcon 9, est devenue fonctionnelle beaucoup plus vite. Elle a pu mettre des satellites en orbite dès son deuxième lancement, en décembre 2010.

La question des délais est d’autant plus importante que, ces dernières années, une part de plus en plus grande de l’avenir des États-Unis dans l’espace semble devoir reposer sur SpaceX.

D’une part, la fusée lunaire de la NASA, appelée Space Launch System, a accumulé les retards, faisant de la super-fusée de SpaceX la candidate pour l’envoi vers la Lune, en 2027, de la mission Artemis 3: celle qui est censée devenir la première mission habitée sur notre satellite en un demi-siècle.

Publicité

D’autre part, des compagnies privées font de plus en plus appel à SpaceX pour la mise en orbite de leurs propres satellites.

Lanceur réutilisable

Les optimistes diront que d’un lancement à l’autre, il y a progrès. Le vol du 27 mai était le premier à réutiliser un lanceur, une étape incontournable pour une compagnie qui espère commercialiser l’espace.

Mais les pessimistes remarquent que la compagnie fait peu de cas de ses échecs . Dans le jargon de SpaceX, ce qui s’est passé le 27 mai, tout comme les explosions de janvier et de mars, s’appelle un «démontage rapide et imprévu».

Ce faisant, la compagnie «ne projette pas l’image que la sécurité et la fiabilité sont les objectifs premiers de son développement», déclare sur les ondes de la BBC l’ingénieure spatiale britannique Leah-Nani Alconcel.

Il y a aussi des concurrents qui lui soufflent dans le dos, comme la compagnie Blue Origin de son rival Jeff Bezos. Et des compagnies chinoises émergentes, qui rêvent elles aussi de rentabiliser les activités en orbite, voire l’occupation de la Lune.

Publicité

Auteurs

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur