Fresque de la vie bourgeoise dans la seigneurie de Chambly

Louise Chevrier, Par la faute d’Emmélie
Louise Chevrier, Par la faute d’Emmélie, roman, Montréal, Éditions Hurtubise, 2023, 448 pages, 29,95 $.
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Publié 09/08/2023 par Paul-François Sylvestre

On dit que le passé est garant de l’avenir. Louise Chevrier s’inspire de personnages et de faits d’une époque plus ou moins lointaine pour concocter le roman Par la faute d’Emmélie, véritable fresque de la vie bourgeoise dans la seigneurie de Chambly en 1821.

La romancière démontre comment des liens se tissent entre familles de la bonne société, comment des alliances permettent d’entrer dans une famille honorable. Elle campe une bonne trentaine de personnages – tous plus colorés les uns que les autres – dont elle dresse la liste dès les premières pages.

Ce n’est qu’à la fin que nous lisons les repères et sources sous-jacents au roman. On y apprend que certains personnages (curé, médecin, capitaine de milice, institutrice) ont bel et bien existé mais à une époque plus ancienne.

L’École des Demoiselles

Une École des Demoiselles fondée en 1821 (plus tôt en réalité) est au cœur du roman. Sa directrice Emmélie Boileau a «un caractère bien trempé». Maîtresse de son destin, elle ne veut pas dépendre d’un fiancé, d’un amant, d’un père ou d’un frère.

Après des fiançailles ratées et une relation clandestine qui a eu une fin tragique, Emmélie renonce à l’amour car il n’y a personne «pour recoller les morceaux quand le cœur est broyé». Vous devinez sans doute qu’un prétendant se présentera et brouillera les cartes.

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Le roman illustre la tension qui existe entre marchands anglais et Canadiens (lire francophones). Les premiers croient que les seconds sont incapables de prendre leurs affaires en mains. Or, les Canadiens fondent la Compagnie de navigation de la rivière Chambly, qui fait concurrence à des puissants entrepreneurs anglophones.

Le curé de Chambly débordé

Messire Pierre-Marie Mignault est curé à Chambly. «Le pasteur porte le fardeau de tout ce qui peut advenir dans sa paroisse. Et pour son plus grand malheur, le mal advient plus souvent que le bien.»

La découverte du cadavre d’une jeune fille enclenche une cascade de soupçons, de commérages, de fausses accusations et entraîne la fermeture de l’École des Demoiselles.

Chaque personnage interrogé semble pécher par omission, par mensonge ou par dissimulation de renseignements. Il faut soupeser soigneusement chaque indice pour l’interpréter correctement.

Toute l’enquête à recommencer

Le brouillard entourant l’affaire refuse de se dissiper; au contraire, un second meurtre s’ajoute à l’enquête. Il remet en question la culpabilité du principal suspect dans l’affaire initiale. Il faut tout reprendre du début.

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La romancière excelle dans l’art de démontrer comment une mort peut être entourée de ténèbres et comment nous avons tous nos jardins secrets.

Ce qui est intéressant ici, c’est que Louise Chevrier n’hésite pas à accorder autant d’importance aux serviteurs qu’aux bourgeois. Ils se croisent souvent lors du thé de l’après-midi ou lors d’un goûter. L’employé connaît toutes les allées et venues de son employeur, ce qui s’avère utile lors d’une enquête criminelle.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

  • l-express.ca

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