Fiction et mémoire font bon ménage chez Yolande Bastarache

Yolande Bastarache, Mon village, la côte
Yolande Bastarache, Mon village, la côte, nouvelles, Ottawa, Les Presses de l’Université d’Ottawa, 2021, 160 pages, 19,95 $.
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Publié 19/01/2022 par Paul-François Sylvestre

Parmi les genres littéraires, j’ai un faible pour la nouvelle et j’ai été très bien servi par Yolande Bastarache, auteure du recueil intitulé Mon village, la côte.

Le titre est de son mari et juge à la retraite de la Cour suprême du Canada, Michel Bastarache. «Yolande aimait son village, écrit-il, et se rappelait les personnes qu’elle avait connues. Plusieurs de ses personnages leur ressemblent.»

Recueil posthume

Lire la quinzaine de nouvelles de ce recueil posthume, c’est découvrir un lumineux jardin secret sur lequel souffle doucement la brise du large, peuplé d’êtres faits de fiction et de mémoire.

Pénétrer dans l’univers de Yolande Bastarache, c’est aller à la découverte de secrets et de sympathies inattendues.

Le style est coloré et imagé, comme en font foi les quelques exemples suivants: «son air de palourde engourdie», «peint en gris écureuil», «un cheval d’un beau brun chevreuil», «se détendre comme un saule pleureur en été».

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Les observations de Yolande Bastarache

Le sens d’observation de l’auteure et les détails qu’elle donne nous font sentir la tension, la douleur, la colère parfois, souvent la force de caractère de certains villageois.

Dans la première nouvelle, un garçon annonce qu’il quitte le séminaire sans donner de raison. On se demande s’il n’a peut-être pas été victime de pédophilie…

Plus loin, un garçon de 7 ans à Caraquet se fait offrir un cornet de crème glacée… en retour d’une «petite faveur».

F0nctionnaires inaccessibles

Une vieille est tellement radine qu’elle compte «les feuilles de laitue et les tranches de fromage dans son assiette pour s’assurer qu’elle en a pour son argent».

Plus loin, l’odeur de tartes aux pommes chaudes fait dire à quelqu’un qu’il n’y a rien de plus mauvais pour la santé qu’une diète.

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Et que dire des fonctionnaires du gouvernement, «ces êtres éloignés, inaccessibles et ignorants».

Une personne hospitalisée crie «Aidez-moi à sortir d’ici avant que je tombe malade!»

Les nouvelles plus vraies à la radio

Une tante préfère écouter les nouvelles à la radio plutôt qu’à la télévision… car «elles sont plus vraies.»

Dans une nouvelle, un personnage préfère discuter avec les gens une personne à la fois. «Il me semble que la conversation est plus intéressante». C’est exactement ce je ressens, moi aussi.

Dans la dernière nouvelle, Yolande Bastarache peint un touchant tableau de son enfance «écoulée dans ce monde de charme, de curiosité, de douceur et de découvertes plus fantastiques les unes que les autres».

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Yolande Bastarache

Acadienne, grande lectrice et écrivaine à ses heures, Yolande Bastarache était originaire du Nouveau-Brunswick.

Après des études en biologie, en histoire et en littérature française à l’Université de Moncton et à l’Université de Nice, elle a consacré une bonne partie de sa vie à s’occuper de ses deux enfants atteints d’une maladie grave.

L’auteure a aussi beaucoup voyagé aux côtés de son complice de plus de 50 ans.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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