L’esclavage au Bas-Canada: résilience et courage déchaînés

Webster, Charlotte et la fin de l’esclavage au Québec, album illustré par ValMO
Webster, Charlotte et la fin de l’esclavage au Québec, album illustré par ValMO, Québec, Éditions du Septentrion, 2025, 96 pages, 19,95 $.
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Publié 02/07/2025 par Paul-François Sylvestre

Pour replacer Montréal et le Bas-Canada dans le cadre du système international de la traite transatlantique des Africains, Aly Ndiaye, alias Webster, publie Charlotte et la fin de l’esclavage au Québec. L’album est basé sur un fait vécu.

«À la fin du 18e siècle, l’esclavage n’était pas légal au Bas-Canada (Québec), c’est-à-dire qu’il n’y avait pas de loi qui encadrait cette pratique. Il n’était donc pas illégal non plus, les gens pratiquaient l’esclavage par habitude.»

La Charlotte de cet album serait née en Afrique de l’Ouest vers 1762. Elle fut enlevée dès son enfance, déportée vers les Antilles anglaises, puis vers le Canada. Webster s’est inspiré de cette histoire peu connue pour concocter un récit résonnant de courage et de résilience.

Un long poème

Le texte prend la forme d’un long poème dont voici un court extrait:
«Nous avons marché.
Marché sous le soleil
et marché sous la lune,
traversé le Sahel
parmi l’acacia et les dunes.»

L’acacia est un arbre très répandu dans le Sahel, région africaine qui fait la transition entre le désert du Sahara au Nord et la savane au Sud. Acacia et Sahel sont inclus dans un glossaire d’une soixantaine de mots tantôt moins connus d’un jeune public, tantôt carrément étrangers.

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On y trouve, par exemples, cauris (coquillage servant de monnaie d’échange en Afrique de l’Ouest du 16e au 19e siècle), signares (femmes du Sénégal mariées avec des Européens) ou astaghfiroullah (formule musulmane signifiant Que Dieu me pardonne, en arabe).

10 000 esclaves au Canada

L’album magnifiquement illustré par ValMo permet de mieux comprendre la manière dont le Québec s’est inséré dans le réseau de la traite esclavagiste transatlantique au 18e siècle et, surtout, comment les personnes asservies y ont résisté. L’ombre d’un personnage révèle souvent une ambiance, une atmosphère.

L’auteur clôt son récit par un court essai sur l’esclavage au Québec. On y apprend que, selon l’historien Marcel Trudel, il y aurait eu environ 4 185 personnes en esclavage au Québec entre 1629 et le début des années 1800.

De ce nombre, les deux tiers étaient autochtones et le tiers était africain ou afrodescendant. L’historien Brett Rushforth relate que plus de 10 000 esclaves vécurent au Canada durant le 18e siècle.

Les auteurs

Webster est le pseudonyme d’Aly Ndiaye, un vétéran de la scène hip-hop québécoise. Il s’intéresse à la présence afrodescendante au Québec et au Canada depuis l’époque de la Nouvelle-France.

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L’illustratrice ValMo est native de Québec et vit à Montréal. Elle a œuvré dans le domaine du jeu vidéo où elle a développé son coup de crayon pendant quatorze ans, pour ensuite créer un univers bien à elle.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

  • l-express.ca

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