Guy Bélizaire vient de publier À l’ombre des érables et des palmiers, un recueil de nouvelles dont certaines sont écrites au « je ».
Est-ce une entreprise autobiographique où le filon de chaque histoire puise dans le vécu de l’auteur? On pourrait le croire puisque Guy Bélizaire est né à Cap-Haïtien, comme plusieurs des personnages qu’il met en scène dans ses nouvelles.
Le titre, fort bien choisi et finement ciselé, évoque l’exil, la fuite de l’île haïtienne vers un coin du Canada, le plus souvent Montréal. Il est très souvent question de discrimination, d’injustice, de racisme, de déracinement et de pauvreté. Il faut «envoyer un peu plus d’argent là-bas où on la croyait riche et heureuse», ce qui est rarement le cas.
Cafard
Il y a quelques histoires moins tristes, voire heureuses, mais qui ont presque toujours une fin sombre. Le succès d’un immigrant devenu médecin est assombri par un mauvais souvenir d’enfance; il finit par avoir «dans le cœur plus de pitié que de rancœur».
Les personnages des quatorze nouvelles du recueil sont le plus souvent aux prises avec un cafard, voire avec des réelles difficultés. Un homme bienveillant est traité de voleur parce qu’il est… Noir. Un employé se fait vertement apostrophé en ces termes: «S’il y a quelqu’un de trop ici, c’est bien toi; personne ne t’a fait venir et si t’es pas content, tu n’as qu’à retourner d’où tu viens.»