Je veux vous parler d’oiseaux rares. Enfin, presque rares. Il y en a un peu plus d’un million, après tout, de ces francophones qui vivent «en contexte minoritaire», selon la terminologie actuellement en usage.
Mais malgré les succès de certains artistes issus de leurs rangs, ils demeurent peu connus, et surtout, incompris par chacune des majorités du pays. Oui, j’ai bien dit des majorités. J’ai nommé par-là les «deux solitudes» qui existent au Canada.
Deux peuples
Vous connaissez probablement l’expression «deux solitudes», qui provient du titre d’un roman de Hugh McLennan, auteur anglo-québécois, publié en 1945.
Cette expression a «collé» parce qu’elle illustre clairement — et un brin dramatiquement — une réalité que tout habitant du Canada ressent au moins confusément. Sur le vaste demi-continent qui est le nôtre, il y a deux principales manières d’être et de sentir.
On pourrait parler longtemps des sources de ces deux solitudes. Spéculer sur le «tempérament latin». Soupeser le poids d’évènements historiques. Décrire comment les langues sont non seulement des outils, mais qu’elles sont aussi porteuses de visions du monde.