Élever des crevettes… dans une ancienne porcherie

Crevettes de grande taille prêtes à être récoltées.
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Publié 21/03/2017 par Jane Robinson

Il n’existe pas de manuel d’élevage de la crevette en Ontario. Ni de pratiques exemplaires, ni de spécialistes à consulter. Pourtant, cela n’a pas dissuadé la famille Cocchio de se lancer dans l’élevage de ces délicats crustacés dans une ancienne porcherie.

Il y a une dizaine d’années, lors de l’effondrement du marché du porc, Paul et Tracy Cocchio se sont retrouvés avec trois granges vides, relativement neuves, dans leur ferme de Campbellford (entre Peterborough et Belleville).

En faisant des recherches sur Internet sur la vocation qu’ils pouvaient donner aux granges, ils sont tombés sur l’élevage de la crevette. Cette découverte a piqué leur curiosité au point de rendre visite à quelques éleveurs de crevettes aux États-Unis. De plus, Paul a assisté à un atelier sur l’élevage de truites donné par le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario (MAAARO).

Marché inexploité

Lorsqu’ils ont comparé leurs options, Paul et Tracy ont tenu compte des débouchés qu’offrait le marché inexploité de la crevette élevée en Ontario.

«La crevette occupe la première place du marché d’importation de fruits de mer en Amérique du Nord, et nous savions que presque tous les restaurants situés entre Toronto et Ottawa mettaient des crevettes au menu», explique Brad Cocchio, qui dirige les activités en compagnie de Jordan, sa femme, et de ses parents, Paul et Tracy.

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Il n’en fallait pas plus pour que ces pionniers démarrent la première exploitation de crevettes de la province, First Ontario Shrimp, qui porte bien son nom. Mais la création de leur nouvelle entreprise, qui leur a permis de remporter le Prix du premier ministre pour l’excellence en innovation agroalimentaire en 2016, ne s’est pas passée comme ils l’avaient prévu.

Des permis pour tout

«La courbe d’apprentissage nous a grandement surpris», déclare Brad. «Nous pensions qu’il serait facile d’élever des crevettes, mais nous avons fait des essais et des erreurs.»

Ce n’est que cinq ans après avoir commencé à couler du ciment dans leur ferme porcine qu’ils ont pris livraison de leurs premiers «bébés» crevettes (appelés postlarves) de la Floride.

«Nous avons dû obtenir des permis pour tout, tant pour importer des aliments et des postlarves que pour ajouter les crevettes à la liste des espèces pouvant être élevées en Ontario», indique Brad.

Sensibles à l’eau

Ils en apprennent beaucoup sur l’élevage de crevettes et, ce qui n’est pas étonnant, principalement sur l’eau dans laquelle elles sont élevées. «Elles sont très petites quand nous les recevons, et très sensibles à l’eau qui est trop froide ou qui varie rapidement de température. Lorsque nous aurons appris à gérer la qualité de l’eau, nous pourrons accroître les taux de survie.»

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Les crevettes sont élevées dans l’eau salée pendant quatre mois environ: de leur état de postlarve de la taille d’un cil jusqu’à leur état de crevette fraîche adulte de 20 grammes prête pour la vente. Des bactéries naturelles prolifèrent dans l’eau et consomment les aliments excédentaires ainsi que les résidus de crevettes, créant ainsi un système fermé, sans rejet.

Tout est vendu

Il s’est avéré que la commercialisation est l’aspect le plus facile de leur nouvelle entreprise. Les Cocchio vendent pratiquement toute leur production actuelle à deux grands acheteurs: un chef de Toronto et un autre d’Ottawa, tous deux propriétaires de restaurants et de comptoirs de poissons frais. «Je dois refuser des clients», confie Brad.

Après environ deux ans en affaires, les Cocchio réalisent d’excellents gains de productivité. Leur récolte est passée de 15 à 150 livres de crevettes par bassin.

Ils cherchent maintenant à accroître les taux de survie des crevettes. C’est pourquoi, bien qu’ils aient des projets d’expansion (deux de leurs porcheries sont toujours vides), ils ne sont pas pressés de les réaliser. En effet, ils souhaitent consacrer du temps à l’apprentissage de l’élevage de crevettes fraîches en Ontario afin d’approvisionner un marché facile d’accès.

Table de récolte des crevettes chez First Ontario Shrimp.
Table de récolte des crevettes chez First Ontario Shrimp.

Auteur

  • Jane Robinson

    Journaliste à l'agence AgInnovation Ontario, basée à Guelph: nouvelles et reportages sur l’innovation agricole et le développement du milieu rural.

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