Église machiste et misogyne

Odette Mainville, Le grand cahier de Jérôme, roman, Montréal, Éditions Fides, 2020, 248 pages, 26,95$.
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Publié 23/08/2020 par Paul-François Sylvestre

Peut-on être curé pendant vingt ans, puis théologien pendant quinze ans, et aboutir au statut de prêtre non pratiquant? C’est à cette question que tente de répondre Odette Mainville dans le roman intitulé Le grand cahier de Jérôme.

L’histoire commence au début des années 1960, au Québec, où le clergé est une caste privilégiée qui brille encore de tout son lustre.

Le port du col romain identifie des hommes consacrés qui revêtent «la tunique du savoir et du pouvoir». Ce dernier fait leur gloire… et leur orgueil.

Gaspésie

Le beau et charismatique Jérôme Boutin est ordonné prêtre et nommé à la cure d’une paroisse très pauvre, puis à la tête de deux paroisses, dans sa Gaspésie natale.

Après vingt ans de ministère sur le terrain, il n’y trouve plus «des voies propices à son accomplissement, son plein épanouissement».

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Chasteté contre nature

Au cours de son parcours, Jérôme brise le lien de chasteté imposé par son sacerdoce avec une femme qui brise le lien de fidélité imposé par son mariage. Il n’a pas l’intention de défroquer, elle n’a pas l’intention de divorcer.

L’auteur fait dire à un collègue de Jérôme que l’imposition de la chasteté au prêtre est contre nature, voire cruelle.

Jérôme convainc son évêque qu’il n’est pas doué pour être curé et obtient la permission de parfaire ses études à la prestigieuse Faculté de théologie de l’Université de Montréal (baccalauréat, maîtrise et doctorat).

C’est là que le roman s’enfarge dans les fleurs du tapis et souffre de longueurs.

Du roman à l’essai

Elle-même professeure retraitée de la Faculté de théologie et de sciences des religions de l’Université de Montréal. Odette Mainville passe de romancière à essayiste.

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Elle oublie que nombre de ses lecteurs ne sont peut-être pas intéressés par un débat sur «l’apparition du Ressuscité aux femmes au tombeau, le matin de Pâques, dans le dernier chapitre de l’Évangile de Matthieu».

C’est cependant par la recherche et l’enseignement que Jérôme atterrit dans un milieu «auquel il appartenait véritablement». Or, ses études et son nouveau travail vont perforer l’armure de sa foi.

Le lectorat a droit alors à un débat sur comment une Église machiste et misogyne continue à garder les paroissiens «dans des croyances dépassées et des pratiques désuètes».

Journal intime?

Odette Mainville a largement puisé dans son background professionnel pour mener à terme son projet d’écriture.

Le roman est une analyse fouillée d’une Église en perte de vitesse. Plusieurs remarques d’ordre sociologique émaillent le récit, dont cette phrase lapidaire: «Quand le pouvoir religieux s’impose, les droits des femmes reculent.»

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Le grand cahier du titre est-il un journal intime, une thèse, un manuscrit…? Je vous laisse découvrir réponse à cette question au fils des cinq parties du roman.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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