Dans Flâneries et souvenances, le Franco-Manitobain Bernard Mulaire, 73 ans, raconte sa timide découverte de l’homosexualité, sa sortie du placard pleine de délicatesse et de sensibilité, puis sa vie de gai adulte marquée du sceau de la vulnérabilité.
Né à Saint-Pierre-Jolys, éduqué au Collège de Saint-Boniface, il estime que «la Révolution tranquille au Manitoba français a dû quelque chose à l’éveil de l’homosexualité parmi les siens, à son esprit contestataire».
Le livre prend la forme d’un journal écrit entre 2003 et 2017, mais il raconte des pages de vie souvent antérieures à ces années-là. Plusieurs notices nous ramènent au cours classique chez les Jésuites, en 1958-1966. C’est une époque où, «en bien des endroits et pour bien des gens, l’homosexualité avait été une aberration, vécue (si vécue) dans la honte et la plus grande cachotterie».
Le plaisir de raconter
Au fil de ses flâneries et souvenances, il est clair que le sport préféré de Bernard Mulaire est… la conversation. Avec le serveur Stéphane, avec Michel dans le bain-tourbillon, avec le confrère Don en arts plastiques, avec l’artiste-peintre Martin dans le Village gai de Montréal, l’auteur laisse une première impression l’amener à décrire un monde plus vaste. «Mon plaisir est de raconter.»
Comme j’ai moi aussi fait mon cours classique à peu près à la même époque (Mulaire est deux ans plus vieux que moi), j’ai souri en lisant que l’homosexualité n’était pas interdite dans les collèges ou séminaires de l’époque, c’est la sexualité qui l’était.