Écriture au masculin ou au féminin: une distinction de moins en moins importante

Salon du livre de Toronto 2015

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Publié 08/12/2015 par François Bergeron

«Qu’un roman soit écrit par un homme ou une femme n’a plus d’importance de nos jours», selon Marguerite Andersen. Catherine Lafrance ne voit plus beaucoup de différences, elle non plus, entre les styles masculin et féminin. Monia Mazigh et Stéphanie Corriveau ne sont pas aussi catégoriques.

Ces considérations ont lancé un débat entre ces quatre auteures torontoises au Salon du livre de Toronto samedi.
Chacune reconnaissait qu’on écrit mieux ce qu’on connaît, mais que cela ne devrait pas empêcher une auteure de décrire des personnages masculins et vice-versa.

Catharine Lafrance, la chef d’antenne du Téléjournal Ontario qui vient de publier son troisième roman, souligne toutefois que cette relative égalité entre «la parole au féminin» et au masculin est récente. «Jusqu’au siècle dernier, des femmes publiaient sous des pseudonymes masculins pour être prises au sérieux.»

«Et encore aujourd’hui dans plusieurs pays», ajoute-t-elle, «les femmes n’ont pas le droit de prendre la parole publiquement.»

Et «il est important que les femmes écrivent», affirme Monia Mazigh, plus connue pour avoir travaillé à la libération de son mari Maher Arar que le Canada qui le soupçonnait de sympathies terroristes avait envoyé se faire torturer en Syrie. Pour son dernier roman Du pain et du jasmin, c’est dans le Printemps arabe de 2010 en Tunisie, son pays natal, qu’elle a trouvé son inspiration.

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Catherine Lafrance aussi se dit inspirée par des «lieux»: Toronto dans Jusqu’à la chute, où ses protagonistes contemplent la mort.

Marguerite Andersen (La mauvaise mère) et Stéphanie Corriveau (un premier roman qui sortira en 2016), elles, imaginent ou partent de gens qui leur ressemblent, ce qui serait très à la mode au 21e siècle et très… féminin!

L’arrivée massive des femmes dans le monde des écrivains et de l’édition – et comme lectrices, fait remarquer Mme Andersen – aurait en effet inauguré une ère du roman introspectif.

Monia Mazigh et surtout Stéphanie Corriveau, qui ne se donne aucune contrainte et dit presque verser dans «l’écriture automatique», ne commencent pas nécessairement leur roman en sachant comment il va se terminer. Catherine Lafrance, elle, doit faire un plan de son récit et savoir exactement où s’en vont ses personnages. «Je révise mon roman et le réécris pendant longtemps avant de le remettre à l’éditeur.»

Selon elle, l’histoire imaginée et racontée dans un roman est d’ailleurs plus importante – pour le grand public – que le style, aussi merveilleux soit-il.

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Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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