Le tout dernier récit d’Éric-Emmanuel Schmitt relate la relation entre un jeune homme qui veut apprendre le piano et sa professeure polonaise assez extravagante.
Madame Pylinska et le secret de Chopin est écrit au «je»: à 9 ans, Éric est bouleversé en entendant sa tante jouer du Chopin; à 21 ans, il décide d’apprendre à jouer du piano. Ce qui l’attend est rien de moins qu’un apprentissage de la vie, de l’amour et de l’écriture.
La première fois que l’enfant entend sa tante jouer un air de Chopin, il découvre «l’épiphanie d’une manière d’exister différente, dense et éthérée, riche et volatile, frêle et forte». Ses premiers cours l’initient à Couperin, Bach, Hummel, Mozart, Beethoven, Schumann, Debussy…
Pas de miracle
À 16 ans, l’ado veut aborder Chopin, mais le miracle ne se produit pas, Chopin le fuit. Une fois rendu à l’École normale supérieure de Paris, Éric-Emmanuel Schmitt étudie la philosophie et cherche un prof de piano. Entre en scène Madame Pylinska.
Lorsque cette Polonaise joue Chopin, le philosophe sent «la musique le frôler, le lécher, le piquer, le pétrir, le malaxer, le balloter, le soulever…».
La professeure voit que son élève est un cérébral outillé pour Bach, il enfonce les touches comme un bûcheron. Les devoirs qu’elle lui donne l’éloignent toujours du piano: cueillir les fleurs sans faire tomber la rosée, écouter le silence ou le vent, faire des ronds dans l’eau, venir à son cours après avoir fait l’amour… car les bémols devenus alors pulpeux et charnus frôleront le divin.