De quel côté se trouve Dieu en temps de guerre?

Russie-Ukraine: s'inspirer des droits linguistiques?

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Publié 13/05/2022 par Gérard Lévesque

Au 20e jour de la guerre en Ukraine, le chef de l’Église catholique, le pape François, avait demandé au Cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Vatican, d’envoyer un message à Vladimir Poutine l’informant qu’il était prêt à le rencontrer à Moscou. «Nous n’avons pas encore reçu de réponse et nous continuons à insister, même si je crains que Vladimir Poutine ne puisse et ne veuille pas faire cette réunion à l’heure actuelle», de confier le pape.

Pape François (Photo: Jeon Han)
Le pape François.

Le pape a toutefois eu une rencontre virtuelle avec le patriarche Cyrille, chef de l’Église orthodoxe russe, au cours de laquelle le Patriarche a lu durant vingt minutes toutes les justifications de la guerre. Ce qui a incité le pape à commenter: «le patriarche ne peut pas devenir l’enfant de chœur de Poutine». 

Des sanctions contre l’Église orthodoxe russe

Au cours des dernières semaines, plusieurs voix se sont élevées pour réclamer des sanctions contre le patriarche et contre l’Église orthodoxe russe. 

De son côté, le Conseil œcuménique des Églises (COE) travaille et prie pour une solution pacifique au conflit. Dès le début, le COE appelle à la fin immédiate des hostilités armées, à l’arrêt de la guerre et lance un appel pour que cessent immédiatement les attaques aveugles et leurs répercussions sur les civils en Ukraine.

Patriarche Cyrille
Le patriarche Cyrille.

Beaucoup de personnes demandent au COE d’expulser de ses rangs le patriarcat de Moscou pour ses récentes positions en faveur de la guerre en Ukraine. La Constitution du COE prévoit que le Comité central peut suspendre la qualité de membre d’une Église, notamment parce que la base ou les critères théologiques de l’appartenance n’ont pas été respectés par cette Église.

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Avec qui négocier, sinon l’ennemi?

Le père Ioan Sauca, secrétaire général du COE, est d’avis que la décision qui sera prise le mois prochain par le Comité central est des plus brûlantes.

Mais, il n’hésite pas à faire connaître sa position. «Si nous excluons ceux que nous n’aimons pas ou avec lesquels nous ne sommes pas d’accord, avec qui allons-nous parler et comment pouvons-nous avancer vers la réconciliation et une paix juste et durable?»

Le Père Ioan Sauca.

Le COE rassemble églises, dénominations et communautés religieuses d’une bonne centaine de pays et territoires du monde entier. Ces églises représentent plus de 580 millions de chrétiens et comprennent la plupart des églises orthodoxes, anglicanes, baptistes, luthériennes, méthodistes et réformées, ainsi que de nombreuses églises unies et indépendantes.

Si les églises fondatrices du COE se trouvaient pour la plupart en Europe et en Amérique du Nord, de nos jours ce sont les congrégations membres en Afrique, en Asie, aux Caraïbes, en Amérique latine, au Moyen-Orient et dans la région du Pacifique qui sont en majorité. Le COE compte actuellement 352 églises membres.

Offrir une chance à la paix

Le contrôle de l’information exercé par le régime russe a pour effet qu’une majorité des citoyens de la Russie sont mal informés et acceptent aveuglement les discours de Poutine.

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De leur côté, les Ukrainiens sont monopolisés par la nécessité de défendre leur vie et leur territoire. Tant en Russie qu’en Ukraine, les gens n’ont présentement pas le temps de penser à des solutions de paix.   

Toute personne ayant des suggestions susceptibles de favoriser un cheminement vers la paix devraient les faire connaître. Voici ma contribution.

Les droits linguistiques: une solution à explorer?

Une des raisons invoquées par Poutine pour justifier l’invasion est que les locuteurs russophones sont maltraités dans certaines régions de l’Ukraine. Le 9 mai dernier, dans le cadre de la commémoration de la victoire sur l’Allemagne nazie en 1945, il affirme que l’armée russe devait intervenir en février contre ces discriminations en Ukraine.

Quelque soit le résultat de l’invasion russe en Ukraine, il va demeurer en Ukraine un nombre important de russophones. Tout comme la Russie va demeurer, après l’Ukraine, le pays abritant le plus grand nombre d’Ukrainiens. N’y aurait-il pas lieu que les deux pays s’entendent mutuellement pour reconnaître certains droits à leur minorité linguistique?

C’est ainsi, par exemple, que, là où le nombre le justifie, les enfants russes pourraient avoir accès en Ukraine, aux niveaux primaire et secondaire, à des établissements d’enseignement russe. En parallèle, les enfants ukrainiens pourraient avoir accès en Russie à des établissements d’enseignement ukrainien. Dans les deux cas, il y aurait obligation d’apprendre aussi la langue de la majorité. 

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La Russie peut-elle suspendre ses hostilités le temps d’étudier cette possibilité ou tout autre suggestion de règlement à l’amiable?  

Auteur

  • Gérard Lévesque

    Avocat et notaire depuis 1988, ex-directeur général de l'Association des juristes d'expression française de l'Ontario. Souvent impliqué dans des causes portant sur les droits linguistiques. Correspondant de l-express.ca, votre destination pour profiter au maximum de Toronto.

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