Deux séries et deux films à voir sur Crave, Prime, Vimeo, MUBI…

Périodiquement dans l-express.ca, l’équipe de Cinéfranco, le festival torontois du film francophone, partage avec vous des suggestions de films ou de séries sur les plateformes Netflix, Apple TV, Disney, MUBI et plusieurs autres.

Voici deux séries et deux films disponibles ce mois-ci.

LA CHUTE DE PARIS /PARIS HAS FALLEN

Après Sous la Seine hantée par un requin prédateur affamé avant la tenue des Jeux olympiques, c’est maintenant Paris qui est visé dans un film d’action intense.

Jacob Pierce est assoiffé de vengeance après l’exécution de son bataillon en Afghanistan où, capturé, il a subi les pires tortures. Il cherche à tuer les traı̂tres responsables, à commencer par le ministre de la Défense protégé par son garde du corps Vincent Taleb.

Mais très vite, la violence vengeresse du terroriste prend des proportions inquiétantes alliant l’agent britannique du MI6 Zara Taylor à Vincent Taleb pour contrecarrer les actes déments de Jacob Pierce qui, comme par hasard, a toujours une longueur d’avance sur eux. Jacob Pierce porte bien son nom avec son regard perçant, son chantage affectif transperçant, sa cruauté masquée par sa soi-disant empathie pour ses victimes.

L’acteur britannique Sean Harris est terrifiant avec sa peau ravagée par les cicatrices de brûlures, de coups de fouet, de tortures face au Français TewHik Jallab, garde du corps charismatique amoureux de Juliette Levesque, présidende de la France, interprétée par Emmanuelle Bercot.

La Britannique Ritu Arya conjugue bien la richesse de ses sentiments dans son rôle d’agente audacieuse intuitive. À noter la belle prestation de Laurent Lucas.

Selon Le Figaro Magazine, «cette série ravira les amateurs de géopolitique, d’action, de combats millimétrés, de conspiration, de ces séquences puissantes où, happés par le spectacle, on se retrouve suspendu dans le temps par l’attente de l’explosion, et de plans superbes d’un Paris entièrement vidé de ses habitants pour cause de danger imminent».

SALADE GRECQUE

Romain Duris (Xavier) n’est plus au centre des films culte de Cédric Klapisch, dont le fameux L’Auberge espagnole. C’est au tour de ses enfants Tom et Mia, qu’il a eus avec Wendy, de nous entraı̂ner dans leurs aventures.

Le père de Wendy, à sa mort, lègue à ses petits-enfants un bâtiment situé à Athènes. Tom, se déplace de New York pour récupérer l’argent de son héritage destiné à sa jeune entreprise. Sa soeur vit déjà à Athènes où elle s’occupe de réfugiés et de migrants venus de toute part.

Tom et Mia vivent dans le conflit: Mia oeuvre dans la solidarité et l’humanitaire, et Tom, le matérialiste, ne veut que financer ses affaires par la vente du bâtiment.

Quand Mia squatte l’immeuble déjà occupé par une bande de jeunes originaires d’Italie, de Croatie, de Syrie, Tom se cogne à des difficultés innombrables qui rendent la vente des lieux rocambolesque.

Avec l’aide de cinq scénaristes de moins de 35 ans, Cédric Klapisch offre une plongée dans la jeunesse d’aujourd’hui.

«Dans les années 2000, à la sortie de L’Auberge espagnole, l’Europe était une idée enthousiasmante, l’époque était à l’euphorie», a expliqué Klapisch. «Depuis, il y a eu la crise économique de 2008, le Brexit, le covid, l’Ukraine, la question des migrants… et l’Europe est fragilisée.»

La romance se mêle à des propos sérieux comme le traitement des femmes, l’environnement, la mort, l’errance migratoire, l’humanisme, l’emploi, avec, pour témoin, l’Acropole magnifique d’Athènes, symbole de la Grèce antique. Émouvant, tendre, attachant, plein de rebondissements!

3 SAISONS

3 saisons se déguste comme un grand vin aux arômes capiteux. Coscénarisé par Jim Donovan et Carinne Leduc, ce film de 2009 rappelle la constance et l’universalité des épreuves et sentiments humains.

Sasha et Carmine ne vivent pas au diapason. Elle veut s’épanouir comme comédienne et lui, homme d’affaires à succès, est aussi un coureur de jupons. Justine et Seb, plus jeunes, vivent au jour le jour dans les rues de Montréal.

Ces deux couples en crise affrontent, chacun de son côté, un défi bouleversant, celui d’une grossesse inattendue.

Stephen Decker, la cinquantaine, se trouve à Toronto pour traquer le meurtrier de sa fille tuée à Calgary.

Au rythme d’une musique souvent enivrante, le réalisateur tisse habilement une toile d’émotions fortes autour des malaises et des états d’âme des personnages pour nous y piéger de façon poignante. La famille italienne de Carmine qui oppresse Sasha est d’un réalisme sidérant.

Le public change de place pour se sentir inclus dans cette famille aux accents traditionnels et quelque peu réminiscentes des films italiens des années 60.

Seb se montre violent avec la belle Justine. L’angoisse du danger qui la guette s’intensifie. La rencontre de Justine avec Carmine interpelle. Stephen essaie désespérément d’assouvir son désir de vengeance.

Outre la main de maı̂tre de Jim Donovan, les acteurs s’accordent avec brio dans leur interprétation des conflits, des tensions, des drames et des émotions «coup de poing». Caroline Néron, Carinne Leduc, Romano Ozari, Frank Schorpion, Shawn Baichoo continuent d’ériger des carrières professionnelles remarquables.

DAHOMEY

«Historique» comme l’annonce la manchette du journal béninois. La réalisatrice Mati Diop suit avec sa caméra, son coeur, son lyrisme, les 26 trésors royaux du Bénin en partance du musée du Quai Branly-Jacques Chirac pour le Bénin.

Des plans cliniques de longs couloirs aux lumières crues, des boı̂tes en bois, un fond sonore indistinct sont habités par des voix fantomatiques exprimant l’angoisse de l’inconnu et des années de captivité, l’espoir de rentrer chez soi…

Écran noir, bruits d’avion, de forage, atmosphère fantastique, le retour est mouvementé et laborieux. Les statues du roi Khezo, du roi Glegle, du roi Béhanzin… sont analysées par un expert déclinant leur état, leur composition, leur poids, leur histoire…

Hypnotisant, le ton reste didactique, neutre par contraste avec le défilé coloré des visiteurs du Palais royal d’Abomey où sont exposés les 26 oeuvres dont le passage est encensé de danses et de chants.

Un débat fait alors rage à l’université d’Abomey Calvi, où les étudiants argumentent sur le colonialisme, l’identité, l’économie, l’art. Sur 7 000 oeuvres, «on nous ramène 26»: c’est une insulte.

«Les colons nous ont rendus esclaves de nous-mêmes… et de notre propre langue». La France est en train de «perdre le pouvoir en Afrique». Macron restitue les trésors pour sa propre réputation.

Ours d’or à la Berlinale 2024, le documentaire de Mat Diop, bercé de poésie, de musique fascinante, de controverse, envoûte, enflamme, émeut au plus profond de soi.