Deuil ambigüe : quand la perte d’un proche vient sans la certitude

deuil ambigüe
Une partie d'un édifice de condos de Miami s'est effondré le 24 juin, faisant plus de 90 morts et (en date du 13 juillet) plus de 20 personnes «disparues» ou «non identifiées». Photo: Miami-Dade Fire Rescue Department.
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Publié 13/07/2021 par Agence Science-Presse

Un édifice s’effondre. Une trentaine de corps sont retirés des décombres. Une centaine de résidents sont toujours «portés disparus»… Bien que plus personne n’entretienne des doutes sur leurs chances de survie. Comment leurs proches peuvent-ils vivre cette forme de deuil ambigüe?

La perte ambigüe est un concept en psychologie. C’est, en gros, ce sentiment d’avoir perdu un être cher… Mais sans la certitude. Ce qui empêche de pleurer le défunt et de faire son deuil.

Deuil ambigüe fréquent

C’est ce que résume la psychologue américaine Pauline Boss, de l’Université du Minnesota.

L’experte a développé ce concept de «perte ambigüe» dans les années 1970. Elle a accordé une entrevue à ce sujet au Scientific American, dans le contexte de la tragédie survenue récemment en Floride.

C’est une situation douloureuse, mais «étonnamment fréquente», note le magazine. Que ce soit après l’effondrement d’un édifice. Ou après une catastrophe naturelle. Ou après la disparition d’une personne…

Comme pendant la pandémie

Et ça arrive même lorsque le décès est bel et bien confirmé, mais qu’on n’a pas pu voir le corps. Comme la pandémie de covid l’a souvent rappelé. Les confinements ont empêché beaucoup de gens de faire leurs adieux à leurs parents. Ou d’organiser des rituels religieux ou familiaux.

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«C’est le type de perte le plus difficile», selon Pauline Boss. «Parce que c’est rendu plus compliqué par le fait de ne pas savoir… C’est dans une zone grise.»

Et ce deuil ambigüe peut conduire à des dépressions et à «l’immobilisation de tout le processus quotidien, comme aller au travail et ce genre de choses».

Un deuil peut être permanent

Dans son prochain livre, Boss profite de la pandémie pour critiquer l’idée qu’un deuil doive absolument se terminer par l’équivalent d’une porte qu’on referme derrière soi (The Myth of Closure). Elle est également l’auteure de Ambiguous Loss: Learning to Live with Unresolved Grief (Harvard University Press, 2000).

L’important est de laisser du temps, rappelle-t-elle. «La recherche montre que la peine n’a pas à avoir une fin, et que de fixer une limite de temps peut causer du tort.»

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