Denis Bachand : la nostalgie accueille le passé et embrasse l’avenir

Denis Bachand, Voyages en nostalgie
Denis Bachand, Voyages en nostalgie. Parcours mémoriel à travers les arts et les médias, essai, Ottawa, Les Presses de l’Université d’Ottawa, 2021, 144 pages, 19,95 $.
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 28/11/2021 par Paul-François Sylvestre

Professeur émérite au Département de communication de l’Université d’Ottawa, Denis Bachand situe ses intérêts de recherche au confluent des arts, de la culture et des médias. Il vient de publier Voyages en nostalgie, un essai sur le pouvoir évocateur de la littérature, de la musique, de la publicité, de la télévision, du cinéma et des jeux vidéo.

Le vocable nostalgie est un néologisme créé à partir des mots grecs nostos (retour) et algos (douleur ou souffrance). Il est apparu la première fois en 1688.

De plus en plus de souvenirs

Par la suite, des recherches en psychologie cognitive ont démontré que, plus on remonte dans le temps, plus le volume de souvenirs augmente pour les événements vécus entre 10 et 30 ans.

Ce «pic de réminiscence» s’explique par l’intensité de nos premières expériences (amour, voiture, voyage) durant une période importante de formation de la personnalité.

Romans historiques populaires

Selon Bachand, les rappels du passé représentent une large part de la littérature. En témoigne l’engouement des lecteurs pour les romans historiques échelonnés sur plusieurs tomes. On n’a qu’à penser aux œuvres de Jean-Pierre Charland et Michel David.

Publicité

Ces histoires du bon vieux temps «correspondent à ce qu’un large lectorat demande et apprécie. Sans doute parce qu’il y trouve un espace de repos, d’apaisement. Quelque chose comme un refuge rassurant et protecteur contre les agressions du temps présent… Et une certaine peur de l’avenir que l’on ne maîtrise pas.»

La nostalgie, une corde sensible

Du côté de la publicité, des études récentes tendent à prouver que le recours à la nostalgie favorise la rétention des messages. Pas étonnant que les concepteurs publicitaires scrutent avec soin le passé de leurs publics pour repérer les ingrédients les plus susceptibles d’activer «la corde sensible de la nostalgie».

Dans le domaine de la musique, les émissions De Céline Dion à la Bolduc, Hommage à Woodstock, La Tournée des idoles et le rappel de Jeunesse d’aujourd’hui par Michèle Richard sont autant d’événements qui font appel explicitement à la nostalgie.

Une commande neuronale

Bachand souligne que le cerveau connaît un développement neurologique rapide à l’adolescence (entre 12 et 22 ans). Et que les émotions ressenties pendant cette période s’imprègnent profondément dans la mémoire chimique du cerveau.

Ce n’est pas juste un phénomène culturel, mais également une commande neuronale.

Publicité

En matière de télévision, les documentaires et des émissions du type Tout le monde en parlait font nécessairement référence au passé et à l’histoire. Un grand nombre de fictions télévisuelles utilisent le ressort de la nostalgie.

Les belles histoires des pays d’en haut (1956-1970) est un bel exemple. Une nouvelle télésérie a été créé par Radio-Canada en 2016.

Au cinéma, Les Années de Rêves de Jean-Claude Larocque (1984) «génère de façon avouée des sentiments nostalgiques pour une période d’effervescence nationaliste».

Nostalgie du hockey avec son père

L’auteur ajoute que le sport participe à ce phénomène et peut déclencher des sentiments nostalgiques.

«En regardant Maurice Richard – solidement interprété par Roy Dupuis –, je me suis retrouvé en compagnie de mon père devant l’écran de télévision comme plusieurs le faisaient tous les samedis soir de la saison pour écouter La soirée du hockey

Publicité

Les arts et les médias réveillent des souvenirs enfouis sous des couches d’oubli. Dans son avant-propos, Denis Bachand a écrit: «La nostalgie est un rétroviseur que l’on promène sur la ligne du temps qui passe, un véhicule d’exploration de nos états d’âme.»

En conclusion, il s’exprime en ces termes: «Fidèle compagne de nos rêveries, la nostalgie accueille le passé et embrasse l’avenir dans le mouvement incessant du présent qui lui tend les bras.»

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur