De l’aide pour les premiers intervenants qui affrontent des drames traumatisants

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Les pompiers sont souvent les premiers intervenants sur les lieux de tragédies traumatisantes. Photo: Nathalie Prézeau, l-express.ca
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Publié 21/03/2025 par Nathalie Prézeau

Le personnel de sécurité publique, policiers, pompiers, ambulanciers, mais aussi agents correctionnels, sont souvent les premiers intervenants sur les lieux des tragédies traumatisantes. Qu’il s’agisse d’un accident de la route, d’un incendie ou d’une intervention en milieu carcéral, ces personnes font face à des situations extrêmes sans comparaison avec notre vie quotidienne normale.

En s’imaginant à leur place, on comprend bien que des séquelles psychologiques sont fort probables et bien réelles.

L’Ontario vient d’annoncer un investissement de 10,7 millions $ pour la construction de centres spécialisés en traitement des blessures du stress post-traumatique (BSPT) pour ces travailleurs.

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Monument aux pompiers à Windsor. Photo: Nathalie Prézeau, l-express.ca

Deux établissements verront le jour dans la région. L’un, à Toronto, sera axé sur la thérapie de réadaptation intensive en dehors des hôpitaux. L’autre, situé à Caledon, offrira 40 places pour les patients nécessitant un séjour prolongé. On prévoit que ce projet permettra de traiter plus de 1 500 travailleurs chaque année, avec un total de 41 700 visites prévues.

Certains évoquent déjà une expansion du programme pour inclure d’autres travailleurs de première ligne, comme le personnel médical.

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Une crise silencieuse

Selon les estimations, 23% des premiers intervenants souffrent de stress post-traumatique, un taux alarmant comparé à la population générale (qui serait environ 8% selon Statistique Canada). La nature même de leur travail les expose quotidiennement à des scènes traumatisantes, ayant un impact sur leur bien-être mental et physique.

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Mark Baxter.

«Ces centres fourniront les soins et le soutien adaptés dont nos membres ont besoin et qu’ils méritent, tandis qu’ils composent avec les conséquences de leur travail exigeant et essentiel», affirme Mark Baxter, président de l’Association des policiers de l’Ontario.

«La vie quotidienne d’un policier est très variée, car il peut être appelé à intervenir sur les lieux d’un crime, qu’il s’agisse d’un homicide, d’un vol de voiture ou d’un braquage. Aucune journée ne se ressemble», explique Nadine Ramadan, conseillère principale en communication pour la Police de Toronto.

«Ceci peut avoir des conséquences mentales sur eux et leur famille. C’est pourquoi il est si important de donner la priorité à la santé mentale de nos premiers intervenants.»

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Nadine Ramadan.

Les futurs centres offriront une gamme complète de services pour répondre aux besoins des premiers intervenants: évaluations spécialisées en santé mentale, traitements en établissement et en clinique externe, services de soins virtuels, ligne de crise 24/7, programmes de réadaptation et activités thérapeutiques, accompagnement par les pairs et services de navigation du système.

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Un virage dans la reconnaissance des BSPT

Longtemps relégué à l’arrière-plan, le stress post-traumatique chez les premiers intervenants serait maintenant pris au sérieux par les autorités.

Même au niveau des vétérans de guerre, ce n’est qu’en 2015 que le ministère des Anciens combattants a établi le Centre d’excellence sur le trouble de stress post-traumatique et les troubles de santé mentale, devenus l’Institut Atlas pour les vétérans et leur famille en 2022. On trouve d’ailleurs sur leur site web de cette entité une explication plus approfondie de ce que l’on entend par BSPT.

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Connie Dejak.

«Notre système ne parvient pas à protéger adéquatement les premiers intervenants qui sont structurellement exposés à des événements traumatiques tout au long de leur carrière. Il est impossible d’avoir des collectivités sécuritaires, saines et résilientes sans des premiers intervenants en sécurité, en santé et résilients», souligne Connie Dejak, PDG du Centre de soins de santé Runnymede, qui pilote ce projet.

La mise en place de ces infrastructures répondrait à un besoin criant. Les BSPT non traitées peuvent mener à des conséquences graves: troubles anxieux, dépression, voire suicide. Les associations ontariennes des policiers, des pompiers professionnels et des ambulanciers saluent cette initiative.

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Les plans des deux futurs centres de traitement des blessures liées au stress post-traumatique, gérés par Runnymede, à Caledon et Toronto.

Une vision à long terme pour la santé mentale

L’Ontario a alloué 3,8 milliards $ sur dix ans pour combler les lacunes en santé mentale et en lutte contre les dépendances, créer de nouveaux services et élargir la portée des programmes dans le cadre de la feuille de route Vers le mieux-être.

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À plus grande échelle, la province prévoit près de 50 milliards $ en infrastructure de la santé sur dix ans, accélérant notamment la construction de 50 nouveaux établissements hospitaliers.

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