Dans les coulisses des attentats du 11 septembre 2001

Word Trade Center 11 septembre 2001
Avant l’effondrement des tours jumelles le 11 septembre 2001. Photo : Michael Foran via Wikimedia Commons
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Publié 11/09/2022 par Marc Poirier

Ce fameux mardi 11 septembre 2001 a marqué l’imaginaire, et les élans de solidarités se sont fait sentir partout au pays.

L’espace aérien américain ayant été fermé, la grande opération de déroutage des avions a été baptisée «opération Ruban jaune».

Une façon de dire que le Canada pourrait porter fièrement un ruban jaune, comme une Légion d’honneur, tellement le pays a répondu admirablement à l’appel de son voisin, en accueillant des milliers de passagers d’avions déroutés, littéralement d’un océan à l’autre.

Quatre avions piratés

À 9h45 (heure de l’Est) ce jour-là, les autorités ferment l’espace aérien des États-Unis.

Au cours de la dernière heure, deux avions piratés par des terroristes ont chacun percuté une des tours jumelles du World Trade Center de New York.

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Un troisième venait de s’écraser contre le Pentagone, près de Washington.

Un quatrième avion, détourné le même matin, allait s’écraser en Pennsylvanie après que des passagers eurent tenté d’en reprendre la maîtrise. Cet appareil fonçait vraisemblablement sur le Capitole, à Washington.

Word Trade Center 11 septembre 2001
Des restes du World Trade Centre après les attentats terroristes du 11 septembre 2001 à New York. Photo: FDNY, Public domain, via Wikimedia Commons

Tout un défi logistique

La fermeture de l’espace aérien signifie que les avions en route vers les États-Unis doivent soit faire demi-tour, soit trouver un autre endroit pour atterrir.

Au moment des attaques, plus de 500 avions de partout sur la planète se dirigeaient vers les États-Unis. Finalement, ce sont environ 230 vols qui seront déroutés vers le Canada ce jour-là.

Comme il y a des craintes que certains de ses avions puissent avoir été pris en otage par des terroristes, les forces armées canadiennes entrent en jeu.

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Vol coréen suspect

L’un des avions déroutés vers le Canada est un Boeing 747 de la Korean Air. Avec 200 passagers à son bord, le vol 85 avait quitté Séoul, en Corée du Sud, à destination de New York. Il devait se poser à Anchorage, en Alaska, pour faire le plein de carburant.

Puisqu’il était maintenant impossible d’atterrir en Alaska, les autorités informent les pilotes qu’ils devront poser leur appareil à l’aéroport canadien le plus près, soit celui de Whitehorse, au Yukon.

C’est à ce moment que la situation se corse.

11 septembre 2001
Un Boeing 747 (récent) de la compagnie Korean Air.

L’avion est à 10 000 mètres d’altitude au-dessus du Pacifique et à deux heures de son arrivée en sol canadien. Faute de signal radio efficace, les pilotes communiquent par messagerie écrite avec la base en Corée du Sud.

L’un de leurs messages contient un code de trois lettres: HJK, soit l’abréviation du mot «highjacked», qui signifie «détourné».

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Du coup, deux chasseurs F-15 des Forces armées canadiennes sont dépêchés vers l’avion suspect.

Le premier ministre de l’époque, Jean Chrétien, est prévenu. Il confessera en entrevue à CBC un an plus tard qu’il avait donné l’autorisation d’abattre le gros porteur coréen si tout indiquait que des terroristes en avaient pris le contrôle.

Jean Chrétien et George W. Bush.

Branle-bas de combat à Whitehorse

Pendant ce temps, à Whitehorse, c’est le branle-bas de combat. À l’aéroport, des tireurs d’élite se positionnent sur le toit du terminal et celui de la tour de contrôle. Les écoles sont évacuées, de même que la mairie et les édifices gouvernementaux.

L’avion finit par se poser. La GRC ordonne au pilote de sortir les mains en l’air. Puis, les autres occupants du Boeing 747 descendent et sont transportés par autobus dans des camps de cadet.

En fin de compte, toute cette affaire découle d’une simple confusion. L’abréviation «HJK» faisait référence aux attentats survenus aux États-Unis et ne signifiait pas que l’avion coréen avait été détourné. La méprise a néanmoins failli avoir des conséquences désastreuses.

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Gander, une ville au grand cœur

Pendant ce temps, les attentats sèment aussi le chaos à l’autre du bout du pays, à Gander, sur l’île de Terre-Neuve. Mais pas parce qu’il y a une menace terroriste.

Cette ville isolée ne compte même pas 10 000 habitants à l’époque. Or, elle accueillera environ 6 700 passagers qui se trouvaient à bord de près d’une quarantaine d’avions le 11 septembre.

Après Halifax, Gander sera le deuxième aéroport vers lequel seront déroutés le plus grand nombre d’appareils.

La population de Gander, qui s’est vraiment démarquée pour son hospitalité et sa générosité, a inspiré la comédie musicale Come From Away. Créé au Canada, ce spectacle a fait le tour des États-Unis depuis 2017 et a été présenté un peu partout dans le monde.

Une scène de la comédie musicale Come From Away, présentée à Toronto en 2019. Photo: Matthew Murphy

Gander a connu d’autres drames aériens

De toutes les villes, Gander était sans doute la mieux préparée pour le rôle d’hôte qu’elle a été appelée à jouer. Deux écrasements antérieurs avaient amené la ville à se doter d’un plan d’intervention.

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En 1967, un avion tchécoslovaque s’écrase peu après avoir décollé de Gander. Il y aura 37 victimes et 32 survivants.

Mais un autre drame va tout changer. En décembre 1985, un avion militaire américain s’écrase peu après le décollage, à un kilomètre de l’aéroport, après y avoir fait le plein. Parmi les 248 militaires et 8 membres d’équipage à bord, il n’y aura aucun survivant.

Il s’agit encore aujourd’hui du pire désastre aérien en sol canadien.

Après le drame, la population de Gander était convaincue de la nécessité d’élaborer un plan d’urgence en cas d’écrasement d’avion.

Vu sa situation géographique et ses installations, l’aéroport de Gander accueillait un grand nombre d’avions chaque semaine venant y faire le plein de carburant. En 1997, le plan englobant les municipalités entourant Gander était prêt et des exercices ont souvent été menés.

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11 septembre 2001
Dans la tour de contrôle de l’aéroport de Gander, à Terre-Neuve.

Un Américain d’origine acadienne parmi les victimes

Parmi les quelque 3 000 victimes des attentats du 11 septembre 2001 se trouve un Américain de la Nouvelle-Angleterre connu dans le milieu universitaire.

Robert G. LeBlanc était professeur émérite de géographie à l’Université du New Hampshire.

Il était descendant d’un des milliers d’Acadiens qui s’étaient exilés en Nouvelle-Angleterre au 19e siècle et au début du 20e siècle. Comme l’avaient fait aussi un grand nombre de Québécois et d’autres Canadiens-Français.

attentat 11 septembre 2001, Acadie
L’affiche L’odyssée d’un peuple. Source: Parcs Canada (Projet inspiré de la recherche de Robert G. LeBlanc)

L’odyssée d’un peuple

Les Acadiens et les Acadiennes le connaissent surtout pour ses dessins, dont Parcs Canada s’est inspiré pour créer l’affiche Acadie: l’odyssée d’un peuple, qui présente avec moult détails les déplacements volontaires et involontaires du peuple acadien.

L’affiche a été très populaire; plus de 40 000 exemplaires ont été publiés.

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Au matin du 11 septembre, à Boston, Robert G. LeBlanc est monté à bord du vol 175 de la United Airlines à destination de Los Angeles, où il allait assister à une conférence de géographie.

Le destin a voulu que cet avion soit détourné et percute l’une des tours jumelles du World Trade Center.

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