«Le gouvernement s’est engagé à ne nommer que des juges qui sont effectivement bilingues.» C’est ce qu’on peut lire sur le site du Commissariat à la magistrature fédérale suite à l’annonce faite le 2 août dernier par le premier ministre Justin Trudeau d’un nouveau processus de nomination des juges de la Cour suprême du Canada.
La Cour suprême du Canada constitue l’ultime recours juridique pour toutes les décisions judiciaires canadiennes en matières civile, criminelle, administrative ou constitutionnelle. Les langues officielles du Canada, le français et l’anglais, devraient bénéficier d’un statut et de droits et privilèges égaux quant à leur usage devant le plus haut tribunal du pays. Mais ce n’est pas le cas selon la législation actuelle!
En effet, l’article 16 de la Loi sur les langues officielles exclut les juges de la Cour suprême de l’obligation de comprendre l’anglais et le français sans l’aide d’un interprète, une obligation imposée à tous les autres tribunaux fédéraux.
Cette exclusion faite au détriment des droits des justiciables et des juristes d’expression française est inscrite dans la loi pour maintenir la possibilité d’un gouvernement de nommer à la Cour suprême du Canada un juriste pour qui le français est une langue étrange ou, même, étrangère.
À mon avis, pour que la législation fédérale reflète la nouvelle procédure de nomination des juges, le Parlement se doit au minimum de retirer les mots «autres que la Cour suprême du Canada» du paragraphe 16(1) de la LLO dont voici le texte :