Coupe Stanley: le dieu des trophées est une sainte trinité

Coupe Stanley
Le joueur des Maple Leafs de Toronto, Syl Apps, tient la coupe Stanley en 1942 avec ses multiples bases ajoutées au fil des ans et qu’on surnommait «tuyau de poêle». Photo: Wikimedia Commons, domaine public
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 03/06/2023 par Marc Poirier

C’est le trophée le plus mythique et le plus ancien du sport professionnel d’Amérique du Nord, voire du monde. Les Goldens Knights de Vegas et les Panthers de la Floride, deux équipes rattachées à des villes où il n’y a presque jamais de gel, s’affrontent dès cette de semaine en quête du saint Graal du hockey: la coupe Stanley.

La renommée du trophée est telle que, contrairement à bien d’autres championnats de sports d’équipe, celui du hockey porte le nom même de sa coupe.

Alors que le baseball a ses séries mondiales, que le football a le Super Bowl et que le basketball a le championnat de la NBA, la Ligue nationale de hockey (LNH), elle, a ses séries de la Coupe Stanley.

Coupe Stanley
La première coupe Stanley, en 1893, était véritablement… une coupe. Depuis les années 1960, elle repose au Temple de la renommée du hockey, à Toronto. Photo: 1893, Wikimedia Commons, domaine public

Le trophée mythique a connu une vie mouvementée. Volé, oublié, trimbalé sans permission, certains joueurs ont dormi ou même pris une douche avec lui.

Le légendaire ailier des Canadiens de Montréal, Maurice Richard, s’est cassé deux dents en buvant à même la coupe. Ce trophée est aussi allé deux fois en Afghanistan pour rendre visite aux soldats canadiens.

Publicité

Mais le mot qui décrit sans doute le mieux la coupe Stanley est: convoité. Depuis des décennies, elle fait rêver les jeunes joueurs. Malheureusement, il y a beaucoup d’appelés, mais très peu d’Indiana Jones qui ont pu toucher au saint Graal. Ou d’avoir un Mistral gagnant.

Centre-trente ans à «sentir» la coupe

À tout seigneur tout honneur! Le mot est juste puisque c’est à un lord, britannique de surcroît, que l’on doit le trophée et son nom.

Qui est le père de la coupe des coupes? Frederick Arthur Stanley, 1er baron Stanley de Preston, 16e comte de Derby. Espérons qu’il ne signait pas ainsi ses chèques! Heureusement, on en viendra à l’appeler plus simplement lord Stanley.

Fils d’un premier ministre britannique, secrétaire aux colonies, il est nommé gouverneur général du Canada en 1888. Il n’était pas membre de la classe moyenne.

Avec son épouse et quatre de ses enfants (ils en auront dix), il arrive à Québec, où se trouve la seconde résidence du gouverneur général, après Rideau Hall à Ottawa. Son épouse, lady Constance Villiers, écrit peu après à sa sœur, lui disant que «Frederick a fait une très grande et bonne impression par son français».

Publicité
Coupe Stanley
Frederick Arthur Stanley, alors gouverneur général du Canada, est à l’origine de la coupe qui porte son nom. Photo: Avant 1893, Wikimedia Commons, domaine public

Tout cela est bien intéressant, mais revenons à notre sport national. La crosse? Non, le hockey, enfin en hiver. (Oui, officiellement – il y a une loi pour ça).

Lors de son premier hiver au Canada, lord Stanley assiste à un match de hockey et commence à s’intéresser à ce sport inconnu dans son pays. Quelques années plus tard, il fait forger un bol en argent à Londres ce qui lui coûte une cinquantaine de dollars afin qu’il soit remis chaque année à la meilleure équipe de hockey du Canada.

La future coupe arrive au Canada au début de 1893. Elle est alors baptisée la «Dominion Hockey Challenge Cup», mais rapidement on commencera à l’appeler la coupe Stanley.

La première équipe à remporter le trophée est le Montreal Hockey Club, affilié à l’Association athlétique amateur de Montréal, il y a 130 ans cette année.

La renommée – et la taille – de la coupe prend de l’ampleur

C’est aussi lord Stanley qui fait ajouter, sous le bol, une base circulaire pour y faire graver le nom des joueurs de l’équipe championne. Les Wanderers de Montréal seront la première équipe à le faire, en 1907. Une longue tradition, assez particulière dans le sport professionnel, est ainsi née.

Publicité

En 1916, une autre tradition entourant la coupe s’installe: pour la première fois y sera gravé le nom des joueurs des Canadiens de Montréal. L’équipe répétera l’exploit 23 autres fois, plus que toute autre formation.

Coupe Stanley
Les Canadiens de Montréal est l’équipe qui a remporté le plus souvent la Coupe Stanley, soit 24 fois. Photo: Ken Lund, 2016, Wikimedia Commons, Share Alike 2.0 Generic

Faut-il rappeler que la dernière victoire de la Coupe Stanley des Canadiens remonte à 1993, soit il y a 30 ans? Oui, même si ça fait mal.

Mais bientôt, la coupe déborde… de noms. On y ajoute alors une base, puis une autre, puis une autre… si bien qu’au milieu des années 1940, elle devient encombrante et assez lourde, même pour des gaillards de 6 pieds et 2 pouces et de 240 livres. (L’équivalent en métrique est omis volontairement.)

Trois coupes valent mieux qu’une tu l’auras

En 1948, la coupe Stanley est remodelée pour lui donner meilleure allure et en 1958, les bases accumulées sont remplacées par cinq grandes bandes qui forment des anneaux.

Mais le vieux bol de lord Stanley de 1893 prend de l’âge et devient fragile, comme la vie. Dans les années 1960, on décide de le remplacer par une copie; l’original est placé au Temple de la renommée du hockey, à Toronto, d’où il ne bougera plus.

Publicité

Et de deux.

hockey
Le Temple de la renommée du hockey à l’angle de Front et Yonge à Toronto. Photo: archives l-express.ca

La coupe qui est alors remise à l’équipe championne ressemble à celle d’aujourd’hui, avec la réplique du bol, les petites bases originales et les cinq grands anneaux sur lesquels est inscrit le nom des joueurs et des membres de l’organisation des équipes championnes.

Afin que la coupe ne s’allonge pas de nouveau, chaque fois que le grand anneau inférieur est plein, on retire celui du haut et on ajoute une nouvelle bande au bas. Les anneaux retirés sont également exposés au Temple de la renommée. Voilà d’où vient l’expression: n’en jetez plus, la coupe est pleine. Non c’est faux.

En 1993, une réplique de la deuxième coupe est fabriquée. C’est la coupe de rechange. Elle est exposée au Temple de la renommée lorsque la coupe officielle se balade, de façon à ce que les visiteurs du musée puissent toujours la voir.

Et de trois.

Publicité
Coupe Stanley
La coupe Stanley, photographiée en 2015, objet de convoitise des hockeyeurs de ce monde. Photo: Alex Goykhman, 2015, Wikimedia Commons, Share Alike 4.0 International

Pour résumer: le bol original est au Temple ; la troisième coupe Stanley, également au Temple, est une copie de la coupe remise aux champions de la LNH, dont le bol est lui-même une réplique de l’original. Vous me suivez?

Fait important: Henri Richard, jeune frère de Maurice Richard (15 ans et dix centimètres le séparent du «Rocket»), membre aussi des Canadiens, est le joueur qui l’a gagné le plus souvent, soit 11 fois. Un autographe SVP!

Il faut aussi savoir que la coupe Stanley n’a pas été remise à deux reprises: en 1919, en raison de la grippe espagnole, et en 2005, à cause de la grève des joueurs. Même la covid n’a pu empêcher les séries.

Enfin, treize femmes ont leur nom gravé sur la coupe ; elles en tant que membres d’organisations championnes.

P.-S. – Une coupe, ça ne sent pas vraiment grand-chose. Lorsqu’elle est propre.

Publicité

Auteurs

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur