Blanche dehors, Noire dedans: une enfance hors du commun au Congo belge

Congo belge, Marie-Claude Hansenne, Vignettes africaines
Marie-Claude Hansenne, Vignettes africaines : une enfance en noir et blanc, roman, Ottawa, Éditions L’Interligne, coll. Vertiges, 2021, 192 pages, 23,95 $.
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Publié 01/09/2021 par Paul-François Sylvestre

Est-ce qu’une enfant du Congo belge, ayant une peau blanche comme celle de ses parents, peut se sentir noire en dedans? Marie-Claude Hansenne répond par l’affirmative dans une autofiction intitulée Vignettes africaines: une enfance en noir et blanc.

En 1865, Léopold II devient roi de la Belgique. Il lui faut une colonie, ce sera le Congo. Dominer pour servir est sa seule excuse de conquête coloniale. Servir l’Afrique consiste à la civiliser, bien entendu.

Swahili et lingala

La narratrice du roman est Mathilde. Née en Belgique, elle suit ses parents au Congo et elle nous raconte son enfance (4 à 6 ans). L’enfant apprend vite à s’exprimer mieux en swahili et lingala qu’en français. « Je souffre très beaucoup de parler en français. »

Mathilde obéit à ses parents… « Juste ce qu’il fallait pour qu’ils me laissent profiter tranquillement de ma liberté. » Elle connaît peu son père et sa mère. Ils ont une peau identique, mais son âme diffère de la leur.

Le Congo belge, empire des voleurs

Le père de Mathilde n’en a que pour son travail, ses voyages, sa brousse, ses indigènes, ses responsabilités professionnelles d’administrateur d’un territoire aussi vaste que la Belgique.

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On voit comment le Congo devient « l’empire des Blancs et de leurs dieux voleurs ».

Des passages colorés décrivent l’admiration de la fillette devant des antilopes bongos en pyjama, des zèbres placides, des girafes incongrues, des gnous, des impalas et des okapis qui sont mi-girafes mi-zèbres, à la fois timides et solitaires.

Cannibalisme

Dans un chapitre, Mathilde raconte la fête de la Saint-Nicolas et de son fidèle compagnon noir, le Père Fouettard. C’est l’occasion de souligner que de nombreux Blancs traitent « les Africains de paresseux, menteurs et voleurs ».

On a droit à une courte réflexion sur le cannibalisme. On explique que sous la férule d’un sorcier, les villageois pratiquent le cannibalisme. « Seuls le cœur et les membres d’un captif masculin étaient dévorés par les guerriers qui s’appropriaient ainsi sa force, décuplant la leur. »

École-prison au Congo belge

À six ans, Mathilde doit aller à l’école. Elle est mise en pension. Ce sera une catastrophe. Les adultes blancs deviennent des dictateurs, « s’emparant de son existence d’enfant comme si elle leur appartenait ».

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On l’envoie ensuite en Belgique chez sa grand-mère paternelle.

Publié aux Éditions L’Interligne, Vignettes africaines illustre avec originalité comment le Congo a pu faire partie d’une enfant, l’habitant entièrement. « Hors de lui, je n’étais qu’un être de chiffon malléable et sans vie. »

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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