Complexité d’une relation fusionnelle et tragédie dans une secte

Marianne Brisebois, Mais l’automne est arrivé
Marianne Brisebois, Mais l’automne est arrivé, roman, Montréal, Éditions Hurtubise, 2023, 392 pages, 29,95 $.
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Publié 20/01/2024 par Paul-François Sylvestre

Existe-t-il des liens étroits qui n’ont rien à voir avec frère et sœur ou meilleurs amis? Marianne Brisebois le croit et le démontre clairement dans le roman Mais l’automne est arrivé, où elle décrit une relation fusionnelle qui est à la fois amour, amitié et fraternité, passion, affection et platonisme.

Les protagonistes du roman sont Gabriel, 21 ans, et Emma, 19 ans. Les chapitres alternent entre la voix narrative de l’un et de l’autre. Ces deux jeunes adultes doivent répondre aux questions de la police qui enquête sur une tragédie commise dans une secte.

Gabriel et Emma ont figuré parmi les jeunes adultes de cette étrange communauté (appelée la Cité par la romancière). Témoins du pouvoir «des Élus qui couchaient avec des mineures», ils ont fui la secte juste avant qu’elle ne soit le théâtre d’un suicide collectif entraînant 48 morts.

Vies pleines de paradoxes

Grâce aux interrogations policières et aux soupçons de meurtre, nous découvrons que la vie des deux personnages principaux est pleine de paradoxes. Gabriel est la personne qu’Emma aime le plus au monde, il est son meilleur ami. Elle ne veut pas qu’il soit son chum. Emma a juste besoin de Gabriel, comme il a besoin d’elle.

«L’amitié est un mot bien faible pour décrire le lien qui nous unit.» À une complicité et une complexité hors norme se mêlé une envie criante, brûlante de l’autre.

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Même si Gabriel aimait les filles, lui et Emma ne seraient pas glorieux comme couple. Ils ont trop besoin d’être là l’un pour l’autre pour que ça marche.

L’amitié ne s’apprend pas

Marianne Brisebois décrit comment l’amitié ne s’apprend pas. Elle se ressent plutôt. Cela arrive entre certaines personnes, à certains moments de leur vie. L’amitié est «le fruit de ce que nous sommes, beaucoup plus que de ce que nous savons».

La partie amoureuse du roman se passe entre Gabriel et William, 25 ans. Le premier dit: «C’est fou tout ce que tu me permets de vivre, ce que tu arrives à me faire oublier, comment tu me donnes le goût d’être spontané, d’être moi-même… de m’aimer moi-même. C’est évident que je veux passer le reste de ma vie avec toi.»

Le jour de leur mariage, William s’exprime ainsi: «T’es trop spécial pour l’ordinaire, mon amour, alors je te promets l’extraordinaire.» La romancière fait remarquer que jouir est la meilleure sensation au monde quand tu comprends que le sexe est fait pour être beau.

Brisebois écrit que «l’incertitude émerge d’une multitude de possibilités, une réponse qui n’est jamais claire. Elle sous-entend que d’autre choix sont à venir, parsèmeront une route encore inconnue.» C’est ce que Gabriel a toujours voulu.

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Des mots anglais

Comme c’est souvent le cas dans les romans québécois des années 2000, les dialogues sont émaillés de mots anglais.

Il y les expressions courantes comme «by the way, le goût de chiller, je suis un stalker, backer quelqu’un, sonner boring». Puis il y a des mots plus rares comme «badtriper, mansplainer (jouer au grand connaisseur pour expliquer quelque chose très connue), ghoster ma famille», ou le très inattendu «tout le monde t’a unfollow».

Vous pouvez lire Mais l’automne est arrivé en choisissant votre perspective: roman sur l’amitié, sur l’amour, sur l’affection ou sur le désir.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

  • l-express.ca

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