Climat de censure

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Le réflexe liberticide des Libéraux fédéraux se manifeste dans les discussions sur les grands enjeux modernes. Photo: iStock.com:U.Ozel.Images
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Publié 08/12/2025 par François Bergeron

Le Canada et une douzaine de pays actifs à la récente COP30 (que les États-Unis ont boycottée) ont signé une «Déclaration sur l’intégrité de l’information sur les changements climatiques» pilotée par l’UNESCO.

Officiellement, il s’agit de «lutter contre la désinformation climatique et promouvoir des informations précises et fondées sur des preuves concernant les questions climatiques». En réalité, c’est un pacte de censure, heureusement voué à l’échec.

Le gouvernement de Mark Carney est difficile à suivre sur l’enjeu climatique. L’ancien chef de la Banque du Canada, puis de la Banque d’Angleterre, s’en était fait le champion sur la scène internationale. C’est à l’avant-plan son manifeste personnel Values. Son épouse, l’économiste Diana Fox Carney, passe pour une «experte du climat».

Reculs salutaires

Mais déjà, en campagne en vue des élections du 28 avril, il rétropédalait sur la taxe carbone pour parer aux attaques de Pierre Poilievre. Puis, d’autres pans de la politique de Justin Trudeau et Steven Guilbeault sont tombés. Ce dernier vient de démissionner du Cabinet après la signature de l’entente avec l’Alberta sur un pipeline vers un port de la Colombie-Britannique.

À la COP30, cependant, le Canada a entériné l’idée de criminaliser la diffusion d’informations susceptibles d’atténuer la psychose catastrophiste ambiante sur les changements climatiques. Alors que c’est plutôt un changement de paradigme qui serait souhaitable sur cet enjeu.

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Malheureusement pour les cryptodictateurs de la COP30, les meilleures informations sur la science du climat sont déjà largement diffusées. Les faire disparaître n’est plus possible. En débattre est mal avisé: chaque fois qu’un auditoire est exposé aux arguments «climatosceptiques», le doute s’installe et l’alarmisme recule.

Le monde à l’envers

Le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, estime que «les scientifiques et les chercheurs ne devraient jamais avoir peur de dire la vérité». Selon lui, des journalistes et des chercheurs enquêtent sur les questions climatiques «parfois au péril de leur vie».

C’est le monde à l’envers! Ce sont évidemment les journalistes et les chercheurs critiques du dogme et des prophéties alarmistes qui sont traités de «négationnistes» et qui perdent leur job au gouvernement ou dans leur université.

«Les menaces pesant sur l’intégrité de l’information constituent l’un des défis majeurs de notre époque», poursuit le chef de l’ONU. C’est vrai, mais ce sont les gouvernements et les militants catastrophistes qui désinforment et qui censurent, assistés de trop de médias paresseux ou biaisés.

Projet de loi contre la «haine»

Pendant ce temps à Ottawa, peut-être en réaction à l’agitation propalestinienne des deux dernières années ou à la montée du populisme trumpien, le gouvernement Carney a cru bon de remettre à l’ordre du jour la censure de la «propagande haineuse» dans les endroits publics, pourtant régulièrement déboutée en Cour suprême du Canada.

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La nouveauté est l’interdiction de brandir des symboles «haineux» dans un contexte qu’un «groupe identifiable» peut considérer menaçant. On y spécifie la croix gammée nazie, mais pas la faucille et le marteau communiste, ni l’ancien drapeau sudiste, ni le drapeau palestinien ou encore le keffieh… laissant aux juges la discrétion de les inclure selon les circonstances.

Certains slogans, écrits sur des pancartes ou criés par des manifestants, pourraient aussi être considérés comme «haineux» et mener à des arrestations.

Liberté d’expression à géométrie variable

De tels ajouts infantilisants ont été décriés, avec raison, comme risquant d’instituer une liberté d’expression à géométrie variable: autorisant la police et les tribunaux à sévir contre certains manifestants et certaines causes, mais pas contre d’autres.

Or, les choses viennent d’empirer. Au nom de la laïcité, le Bloc québécois a obtenu, en échange de son appui aux Libéraux minoritaires, que le projet C-9 rejette les croyances religieuses comme défense légitime face à des accusations d’expression de propos «haineux».

Jusqu’à maintenant, on pouvait invoquer la Bible ou le Coran pour dénigrer les homosexuels, les femmes ou les «infidèles», ou promouvoir divers suprémacismes.

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Je suis maximaliste en matière de liberté d’expression. Seuls le complot ou l’appel à la violence, de même que les communications diffamatoires ou frauduleuses, causant de réels préjudices, sont criminels à mes yeux. Le «doxing» – diffuser l’adresse de personnalités publiques pour les exposer à des attentats – relève aussi du méfait et devrait être puni.

Pour le reste, on ne devrait juger que les actes, pas les paroles, aussi blessantes ou scandaleuses soient-elles.

Endroits publics

Ici, les Libéraux fédéraux ciblent la parole dans les «endroits publics», notamment dans la rue. Mais leur réflexe liberticide se manifestera sûrement aussi dans l’endroit public par excellence de notre époque: l’internet, les réseaux sociaux, les médias.

Le Royaume-Uni, dont Mark Carney s’inspire, est déjà le modèle à ne pas suivre. Depuis quelques années, des milliers de citoyens ont vu la police débarquer chez eux, les interroger et parfois les arrêter en raison de la «propagande haineuse» illégale qu’ils auraient partagée sur X, Facebook ou d’autres réseaux: souvent des critiques des politiques d’immigration.

La majorité de ces interventions n’ont pas résulté en amendes ou en peines d’emprisonnement. Mais le travail de sape se poursuit contre un pilier essentiel de nos démocraties occidentales: la liberté d’expression des citoyens.

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Auteurs

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et numériques, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

  • l-express.ca

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