Claudia Bernal, artiste militante

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Publié 16/09/2008 par Khadija Chatar

Derrière les vieilles briques rouges qui abritent la galerie A Space au 401 rue Richmond, Claudia Bernal, une artiste sensible et engagée a envoûté les visiteurs, mercredi dernier, où près d’une trentaine de personnes encerclaient cette femme pour l’admirer dans sa pièce Fais du même sang. Claudia Bernal, une Montréalaise d’origine colombienne sera de retour, toujours à la même adresse, le mardi 23 septembre pour une dernière démonstration.

Faits du même sang est une dénonciation du déplacement forcé des femmes colombiennes de leurs terres riches en ressources naturelles. Des femmes déchirées par le combat incessant, qui dure depuis plus de 50 ans, entre les forces paramilitaires de droite, les cartels de la drogue et les guérillas de gauche. Dans ce spectacle atypique, l’artiste présente et constitue le corps de cette exposition.

On découvre, au milieu d’une salle au jeu subtil de lumières le corps de l’artiste trôné, sur des lattes boisées. Inerte, elle est recouverte d’une toile semblable à celle d’un filet de pêche. À l’un des murs pendent plusieurs rangées de tresses de femmes anonymes.

D’autres détails complètent ce décor étrange : une chaise berçante, une boule de laine et une bassine. Les visiteurs sont assis autour de ce décor, encerclant l’artiste et son monde bizarre. Ils l’aperçoivent recroquevillée sous le filet de pêche, rouge et bleu, sous lequel elle est saisie de convulsions. C’est comme si elle essayait, en vain, de sortir d’un cauchemar terrifiant.

Soudain, la toile s’ouvre et se referme sur le corps tiraillé. Elle se réveille. Elle se débat pour se libérer du filet, tire dessus, se balance comme une enfant indisciplinée, se jette, libre enfin, dans les bras des spectateurs. Elle se met à geindre, à tituber. Elle se cache les yeux derrière les mains en tournoyant sur elle-même. Ensuite, une main placée sur la bouche, elle pointe un doigt accusateur sur les personnes face à elle.

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Toujours plongée dans sa détresse, elle se gifle impitoyablement. Subitement, le visage enfoui dans sa longue chevelure noire, se caressant les bras et les jambes, comme un chat affairé dans sa toilette. Elle peigne, délicatement, ses cheveux de ses doigts. Elle révèle, enfin, une bouche pleine de tresses. «Les tresses représentent la féminité, la mutilation. Au début, le filet est comme un ventre où le rouge et le bleu sont le sang et les veines. Ensuite, c’est une naissance, une délivrance. Le filet, comme on le sait, sert aussi à attraper du poisson, donc à tuer pour se nourrir. Dans mon travail j’oppose toujours la vie et la mort en même temps», explique l’artiste.

L’artiste est allée plus loin, dans la même galerie A Space, une projection video réalisée par Claudia présente le témoignage de trois femmes colombiennes. « Ces femmes ont été chassées de leurs terres par les guérillas, certaines ont perdu des membres de leur famille. Elles se déplacent vers les grandes villes où elles n’ont rien, elles deviennent extrêmement pauvres et elles se retrouvent confrontées à un autre type de violence, la discrimination sociale», conclut l’artiste.

Pour obtenir plus d’informations sur le prochain spectacle de Claudia Bernal, visitez le site www.aspacegallery.org

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