Cinéma francophone: une formation pour assurer la relève

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Aucune institution francophone hors Québec n'offre de formation en réalisation de films. Photo: iStock.com/audioundwerbung
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Publié 15/03/2025 par Camille Langlade

À l’occasion de son Forum des membres, le Regroupement des artistes cinéastes de la francophonie canadienne (RACCORD) organise une formation en réalisation, le 22 mars, en marge du Festival international du film d’Ottawa (IFFO). C’est l’occasion de rappeler la raison de vivre de l’organisme, qui fête ses 20 ans.

La formation, axée sur la direction d’acteurs et d’actrices, est soutenue par l’Alliance des producteurs francophones du Canada (APFC), par l’entremise de son programme Élan, une initiative de perfectionnement professionnel appuyée par Netflix. Elle sera animée par Michel Poulette, scénariste, réalisateur et producteur québécois.

Une trentaine de cinéastes francophones viendront des quatre coins du Canada – Île-du-Prince-Édouard, Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick, Ontario, Manitoba, Saskatchewan, Colombie-Britannique et Yukon – pour prendre part à cette formation.

Le directeur général du RACCORD, Bruno Boëz, fait le point sur cet évènement destiné à faire rayonner les talents de la francophonie minoritaire.

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Bruno Boëz. Photo: Marianne Duval

Comment cette formation va-t-elle s’organiser?

Cette formation en réalisation de fiction s’inscrit dans le mandat de longue date du RACCORD, qui est de soutenir l’évolution de la carrière de ses différents membres, pour développer et renforcer leurs compétences, et surtout apporter un autre regard pour les membres issus de la relève.

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Durant la matinée, il y aura une partie plutôt théorique, pour bien décrire le rôle du réalisateur en tant que leadeur créatif dans un projet audiovisuel, à travers toutes les étapes, du développement jusqu’à la livraison.

L’après-midi, il y aura des exercices pratiques avec la direction d’acteurs et d’actrices. On aura la chance d’avoir deux comédiens professionnels d’Ottawa: Anie Richer et Sébastien Lajoie. Les participants vont s’exercer à diriger, à placer la caméra, à faire ressortir des émotions.

En quoi cette formation est-elle importante pour les cinéastes francophones en situation minoritaire?

Il n’existe actuellement aucune école postsecondaire, aucune université francophone en dehors du Québec, qui prépare au métier de réalisateur ou de réalisatrice.

Les artistes doivent se former dans une université anglophone – en espérant revenir dans l’écosystème francophone. Ou se former dans les grandes écoles et universités à Montréal, avec le risque de rester dans cet écosystème québécois et de ne pas faire profiter leur région d’origine de leur savoir-faire.

On pallie ce manque-là pour assurer la relève et faire en sorte que dans un monde compétitif comme celui de l’audiovisuel, les cinéastes de nos régions et de nos communautés puissent être en compétition avec d’autres pour raconter et réaliser leurs histoires.

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Boycotter les produits américains, y compris au niveau culturel, est-ce souhaitable?

Nous sommes encore une industrie en développement qui est sous-financée à l’extérieur du Québec. On est encore en situation – et on sera toujours en situation – minoritaire.

Le made in Canada, effectivement, il faut davantage le renforcer. On se bat pour faire rayonner les œuvres de nos membres, sauf que celles-ci – les longs-métrages, les courts-métrages, les séries – ne se retrouvent pas facilement sur les grandes plateformes.

Certaines, comme ICI TOU.TV ou TFO, mettent à l’honneur leurs productions. Mais il y a tout un pan de créations qui n’est pas diffusé sur ces plateformes-là parce que les espaces de diffusion – y compris les nôtres, au Canada – n’achètent pas suffisamment de contenus, de courts-métrages par exemple. Pourtant, c’est la meilleure façon de soutenir les artistes et de connaitre nos communautés.

Il n’existe aucune association dans notre francophonie canadienne qui aide à la distribution, à la diffusion des œuvres. On a quelques distributeurs, mais la plupart du temps ils ne sont pas intéressés par nos œuvres parce qu’il y a peu de rentabilité économique et ce n’est pas un marché comme celui du Québec.

RACCORD prend en partie ce rôle-là pour appuyer les festivals, leur proposer de nouveaux contenus, appuyer des lieux culturels comme les Alliances françaises, comme des lieux communautaires

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On souhaite leur dire «Eh, regardez notre catalogue de films», d’œuvres qui ont été récompensées, mais qui sont méconnues parce qu’il n’y a pas de travail actif de diffusion, de découvrabilité suffisant pour créer un lien et des collaborations avec des équipes d’acquisition ou de programmation.

Par ailleurs, on cherche toujours à recruter de nouveaux membres. On en a eu deux qui sont arrivées en début d’année de l’Île-du-Prince-Édouard, une province qui n’était pas encore représentée

Une nouvelle revue et un prix

À l’occasion du Forum des membres, RACCORD dévoilera un magazine créé pour les 20 ans de l’organisme et présentera de nouvelles données sur le secteur de l’audiovisuel en situation minoritaire.

Le prix Œil du RACCORD sera également remis à l’un ou l’une des membres du regroupement.

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