Chez Isabelle Hébert, des femmes au premier plan

Isabelle Hébert, Destins, femmes
Isabelle Hébert, Destins, tome 2, Invisible parmi nous, roman, Montréal, Éditions Hurtubise, 2022, 312 pages, 24,95 $.
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Publié 05/11/2022 par Paul-François Sylvestre

«C’est pas ton cœur à toi qui est noir comme le poêle, c’est ceux qui jugent parce qu’y pensent qu’y ont la vérité d’leur bord. […] Le maudit jugement des autres.» Voilà des paroles qui incarnent à merveille l’histoire de femmes que raconte Isabelle Hébert, dans le second tome du roman Destins.

Je vous ai présenté le premier tome en juin dernier. On y faisait la connaissance d’Agathe et de Célina Senécal, deux jeunes filles-mères cachées dans des foyers d’accueil.

Leurs parents, frères et sœurs avaient quitté le Québec pour Waterville, dans l’état du Maine.

Des femmes habituées à recevoir des ordres

Dans ce second tome, Agathe et Célina rentrent au bercail en 1908; elles réintègrent leur famille dans un contexte qui est loin d’être celui de la campagne.

Isabelle Hébert décrit habilement comment on récolte «du mépris pis que’ques cennes» en échange du travail, «et l’impression d’être pas grand-chose».

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La romancière brosse aussi le portrait de ces femmes habituées à recevoir des ordres, à se faire dire quoi faire. Elles ne s’attendent guère à diriger quoi que ce soit, mis à part leur foyer.

Devenue veuve, la mère de la famille Senécal entend mettre fin à cette situation d’injustice.

Nouveaux venus suspects

Une pension, des économies et une forge en vente dans un village québécois permettent aux Senécal de retourner dans leur province natale.

Or, ils vont se rendre compte que les nouveaux venus dans un village demeurent longtemps des étrangers aux yeux des paroissiens. On se méfie d’eux.

À Waterville, un certain anonymat leur permettait de survivre et de gagner leur vie modestement. À première vue, le retour au Québec semble équivaloir à se jeter directement dans la gueule du loup, là où le scandale les guette.

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Isabelle Hébert prend cependant soin de montrer comme les Senécal demeurent une bonne famille de catholiques pratiquants «aux valeurs non détériorées par leur expérience en sol américain».

Elle élabore diverses intrigues pour illustrer que continuer à vivre dans le passé peut vous condamner à rester tristes et amères.

Aventures amoureuses

Qui dit intrigues plonge souvent dans des aventures amoureuses. Agathe avait laissé derrière elle un voisin, un jeune veuf qui «avait une beauté intérieure et extérieure».

Le retrouver s’avère assez compliqué, mais le «destin» joue son rôle. Et s’il y a un hasard, ce ne peut être que «l’œuvre de Dieu Lui-même».

Quand Agathe retrouve finalement son veuf, elle trouve cela agréable de se faire regarder «avec des yeux dans graisse de bines».

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Ce second tome met en scène des hommes qui jouent un rôle plutôt effacé. Cela se limite souvent à prêter leurs bras et leurs chevaux pour faire avancer les intrigues de leur mère et de leurs sœurs.

S’il est possible de réaliser ses rêves, c’est en grande partie grâce à la détermination et à l’énergie de la matriarche.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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