On rouvre le chemin Roxham à haut risque pour les migrants

Pour une migration équitable

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L'Entente sur les tiers pays sûrs force les migrants haïtiens à passer par le chemin Roxham pour demander le statut de réfugiés, plutôt qu'au poste frontalier officiel qui ne les laisserait pas entrer. Photo: iStock.com/Stadtratte
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Publié 28/11/2021 par Annik Chalifour

Le gouvernement fédéral a décidé ce mois-ci de rouvrir le chemin Roxham, au Québec, emprunté par des migrants (surtout haïtiens) pour passer des États-Unis au Canada et demander le statut de réfugiés. En vertu de l’Entente de 2004 sur les tiers pays sûrs (ETPS), une telle demande leur serait refusée au poste frontalier officiel.

Le chemin Roxham est un chemin rural (8 km) depuis l’ancien hameau de Perry Mills dans la ville de Champlain, New York, au nord de l’ancien hameau de Bogton, dans la municipalité de Saint-Bernard-de-Lacolle au Québec.

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Le chemin Roxham (à gauche), à une dizaine de kilomètres à l’ouest du poste frontalier canadien de Blackpool, à Saint-Bernard-de-Lacolle, au Québec. Photo: Google View

Appel au ministre de l’Immigration

Fin octobre, un groupe de citoyens torontois engagés envers la crise humanitaire en Haïti, faisait parvenir une lettre au ministre fédéral de l’Immigration.

Quémandant l’attention du gouvernement canadien à l’égard des milliers de migrants haïtiens en détresse sur le continent, en raison de la crise socio-politique en Haïti à la source de cette migration massive.

S’en est suivie une réponse automatique du nouveau ministre de l’Immigration, Sean Fraser, n’adressant nullement le sujet de ladite lettre.

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Se contentant plutôt de référer à l’action du gouvernement menée à l’égard de l’accueil des réfugiés afghans.

Mode survie

Comme on le sait, la pandémie a entraîné la fermeture quasi totale des frontières entre notre deux pays durant plusieurs mois. Résultat: de nombreux demandeurs d’asile renvoyés aux États-Unis sont présentement dans l’attente d’un contact de l’Agence des services frontaliers du Canada.

Ces demandeurs d’asile sont en mode survie au quotidien, selon les organismes d’aide aux réfugiés.

Or la réouverture du chemin Roxham ne peut que fortement contribuer à compromettre davantage la situation déjà très fragilisée de ces milliers de migrants. Incluant de nombreux Haïtiens qui, avec ou sans le feu vert, tenteront d’entrer au Canada dans le but de demander l’asile.

Répétition de 2017

Les scènes inacceptables en 2017 dont nous avons été témoins – indignes de nos valeurs canadiennes – risquent de se revivre sur le chemin Roxham.

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Des migrants égarés, sans défense, dans nos régions rurales, victimes des affres de notre intense climat hivernal. Des familles avec leurs bagages, marchant dans nos bois enneigés sous des températures frigides, se présentant n’importe quand au chemin Roxham. Leur unique voie d’entrée au Canada pour demander le statut de réfugié.

Il est temps de réorienter nos politiques vers une migration équitable, de revoir l’Entente sur les tiers pays sûrs.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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