Chaque voisin d’à côté cache une histoire

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Publié 16/11/2010 par Paul-François Sylvestre

Maison d’édition au service de la communauté gaie, lesbienne, bisexuelle et transgenre (LGBT), L’arc-en-ciel littéraire publie des ouvrages collectifs autour de thèmes précis. Les voisins d’à côté est une des plus récentes cuvées. On y trouve vingt-cinq nouvelles ou récits de treize auteurs, dont deux Torontois. Les trois premiers textes du recueil ont été écrits par les lauréats du Concours de création littéraire Marcel-F.-Raymond 2009.

Dans une préface de Réjean Roy, président de L’arc-en-ciel littéraire, il est précisé que ces nouvelles ou récits «dressent un tableau sociologique de notre réalité en tant que gais et lesbiennes.

Quelle meilleure façon d’aborder notre différence en la transposant dans notre quotidien!» C’est en effet le quotidien d’une brochette colorée de résidants d’immeubles à logement que le lecteur découvre et distille même les secrets des voisins.

Je suis un des treize auteurs et un des lauréats, mais je ne vais quand même pas vous parler de ma nouvelle. Je vais plutôt m’arrêter à trois ou quatre textes qui m’ont particulièrement plu. D’abord «Quarantaine» de Philippe Mangerel qui a remporté le premier prix. Et pour cause! Sa nouvelle est finement ciselée et porte un coquin regard sur le milieu des LGBT.

«Vous savez comment ça se passe. On naît, on meurt, on renaît. On cherche ses semblables. On les trouve et ils sont là, dans ce quartier, là, tous ensemble. À leur vue, tout s’emballe, on tombe dans une sorte de transe. Parce qu’on aime le même.»

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Denis-Martin Chabot signe pas moins de six textes, souvent assez courts. «Délicieux voisins» donne la recette d’un bon voisinage, recette qui ressemble à celle d’un gâteau au chocolat. Il faut deux œufs, car, écrit-il, «l’homme doit, lui aussi, briser sa coquille pour s’émanciper.»

Et une cuillerée de vanille, car cela donne du zest, «comme la passion qui enflamme». Le gâteau est comme le voisinage: des ingrédients dont on se lasse lorsqu’ils sont pris séparément, mais qui prennent «un goût savoureux au contact des autres».

Une autre nouvelle de Denis-Martin Chabot m’a à la fois ému et déçu. «Les lettres» raconte en deux pages la troublante découverte qu’un fils adoptif fait après la mort de son père adoptif. Le scénario est dramatique à souhait. Mais il ne s’agit que d’un scénario – brillant, il est vrai – qui aurait mérité d’être étoffé un peu plus. Je dirais même qu’il y a là un plan de roman.

Julie Vaillancourt signe une courte nouvelle intitulée «La malédiction du thé au caramel». Ce texte avait remporté un prix lors du Festival Altern’Art 2009. Le style élégant de l’auteure apparaît dès les premières lignes lorsqu’elle écrit que «Stéphanie avait bien arrosé sa soirée de samedi, avec sa meilleure amie, la solitude, qui avait invité sa compagne, la déprime.»

Stéphanie partage un appartement avec Pierre, mais le couple fait maintenant chambre à part. Serait-ce depuis que Pierre a rencontré Hugo, un gai du même immeuble…?

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Le but premier de L’arc-en-ciel littéraire est d’amener des milliers de cœurs à «aimer l’autre dans son intégralité», à l’accepter pour ce qu’il est, peu importe ses différences».

La maison d’édition croit que l’écrivain est le mieux placé pour jouer le rôle de conscience collective ou de miroir qui ose refléter «notre persévérance face à l’adversité». Chaque nouvelle de ce recueil est une brique dans la construction d’un immeuble, «un jalon posé dans la bonne direction».

Collectif sous la direction de Réjean Roy, Les voisins d’à côté, nouvelles, Montréal, L’arc-en-ciel littéraire, 2010, 204 pages.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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