Camille Pissarro, le premier des impressionnistes

Pissarro. Le premier des impressionnistes. Éditions Hazan, 2017, broché à rabats, 22 x 2 x 28,5 cm, 208 p. Le couverture reproduit en partie Jeune Fille à la baguette dit aussi La Bergère, 1881, huile sur toile, 64 x 81 cm, Paris, Musée d'Orsay, livre p. 64.
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Publié 24/04/2017 par Gabriel Racle

On ne connaît pas vraiment le peintre Camille Pissarro, qui n’a pas encore fait l’objet d’une grande exposition dans nos musées. Mais l’occasion de faire connaissance avec cet artiste de l’art pictural nous est donnée grâce à une exposition parisienne et à l’ouvrage d’art qui l’accompagne.

Un Danois

Camille Pissarro ou Jacob Abraham Camille Pissarro de son nom complet est né le 10 juillet 1830 à Saint-Thomas. Depuis 1666, Saint-Thomas, une des Îles Vierges, cet archipel des Antilles situé entre les grandes et les Petites Antilles, est alors une possession danoise prospère par la culture de la canne à sucre.

Mais c’est une entreprise de quincaillerie qui assure la prospérité de ses parents dans le port de Charlotte-Amélie, ainsi nommée en l’honneur de Charlotte-Amélie (1650-1714), reine consort de Christian V de Danemark. Camille conservera toute sa vie la nationalité danoise, ce qui n’était pas le cas de son père, d’origine portugaise mais né en France, à Bordeaux, de nationalité française.

Sa mère est une créole des Antilles danoises, également de religion juive. Le mariage de ses parents est refusé par la Synagogue, car ils étaient neveu et tante par alliance. Sept ans plus tard, le mariage sera accepté et célébré en 1833. De cette histoire, Alice Hoffman a tiré le roman pseudo-historique Un mariage contre nature paru en 2016.

Formation artistique

De 1842 à 1847, Camille va faire ses études en France, dans le pensionnat d’une agglomération proche de Paris, Passy. Son intérêt pour l’art se manifeste très tôt, il dessine à la campagne et visite les musées parisiens.

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Revenu à Saint-Thomas, il se lie d’amitié avec le peintre danois Fritz Melbye, avec lequel il se rend au Venezuela, près de Caracas, en 1852, pour se soustraire à l’entreprise paternelle qui ne l’intéresse pas. Il restera deux ans dans ce pays.

En 1855, son père finit par céder à sa volonté de devenir peintre et l’envoie de nouveau à Paris pour qu’il suive une formation plus poussée. Et la branche française de sa famille lui apporte alors une aide financière. Mais Camille ne suit pas régulièrement des cours et travaille occasionnellement à l’Académie Suisse, un prestigieux atelier parisien qui mettait à la disposition des jeunes artistes un atelier et des modèles. C’est là qu’il fera la connaissance de Monet en 1859.

Dès lors, il se consacre d’abord a des travaux d’études en parcourant les rues des villes ou la campagne. En 1863 il participe au Salon des refusés et se lie d’amitié peu après avec Cézanne.

Peintre de la vie rurale

«M. Camille Pissarro a été un révolutionnaire par les renouvellements ouvriers dont il a doté la peinture, en même temps qu’il est demeuré un pur classique par son goût des hautes généralisations, son amour fervent de la nature, son respect des traditions respectables. La Beauté est immuable et éternelle comme la Matière dont elle est la forme revivante en nous et synthétisée; seuls changent et progressent, suivant le temps, les modes de l’exprimer.» (Octave Mirbrau, Combats esthétiques)

Alors que règne encore l’académisme, Pissarro s’en éloigne et devient ainsi le premier artiste que l’on peut inscrire dans le mouvement impressionniste lancé notamment par Monet avec Impression, soleil levant, 1874.

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Ainsi connu comme l’un des «pères de l’impressionnisme», Pissarro a peint la vie rurale, en particulier des paysages et des scènes représentant des paysans travaillant dans les champs, comme Fenaison à Éragny qui se trouve au MBAC à Ottawa, qui posséderait trois dessins, quatre peintures et vingt estampes de cet artiste.

Mais Pissarro doit aussi sa célébrité à des paysages campagnards, comme La vieille route d’Ennery à Pontoise, également à Ottawa, des scènes urbaines parisiennes, Montmartre, les environs du Louvre et des Tuileries et des scènes portuaires.

Il est aussi l’auteur des «Impressions gravées», étant revenu avec Degas à la gravure. Avec son œuvre gravée, Pissarro prend place dans l’histoire de l’art aux côtés des plus grands peintres-graveurs de tous les temps, Rembrandt, Goya et plus tard Picasso.

Une exposition et un livre

À Paris, le musée Marmottan Monet présente jusqu’au 2 juillet 2017 la première exposition consacrée à Camille Pissarro.

On peut y admirer soixante de ses plus beaux chefs-d’œuvre de l’artiste, dont huit proviennent des plus grands musées du monde et de prestigieuses collections privées. Cet ensemble remarquable retrace son parcours, de sa jeunesse dans les Antilles danoises jusqu’aux grandes séries urbaines de Paris, Rouen et Le Havre, dessinant un portrait méconnu du «premier des impressionnistes».

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Un livre d’art, disponible au Canada, accompagne cette exposition. En 208 pages, il permet de découvrir le peintre Camille Pissarro et son talent grâce aux illustrations presque toutes en pleine page ou en double page, quasiment aussi nombreuses que les pages du livre.

Des textes éclairent ces reproductions et permettent de voir à l’œuvre ce «peintre de paysages et de figures, de la campagne et de la ville, de la terre et de la mer, premier des impressionnistes et promoteur du pointillisme, qui n’a cessé de se renouveler.» C’est une richesse de découvertes au fil des pages.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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