Briser l’isolement de parents vivant le deuil de bébés

deuil, Claudia Turgeon, La libellule
Claudia Turgeon, La libellule, roman, Montréal, Éditions Hurtubise, 2022, 294 pages, 29,95 $.
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Publié 26/11/2022 par Paul-François Sylvestre

Avec La libellule, Claudia Turgeon signe un premier roman remplie d’une authenticité et d’une sensibilité remarquables. Le sujet abordé est le deuil périnatal: vécu par les parents de bébés décédés pendant la grossesse (in utero).

Émilie et Olivier ont deux fillettes et mènent une vie bien remplie. Elle enseigne au cégep, lui est physiothérapeute, et le ballet du quotidien les tient passablement occupés.

L’idée d’élargir la famille fait néanmoins son chemin et Émile tombe enceinte.

Avoir des enfants

À ses yeux, «avoir des enfants, c’est l’expérience la plus difficile, mais la plus enrichissante que je connaisse. Tu navigues constamment dans un paradoxe d’émotions intenses.»

Elle n’imagine pas que l’intensité des émotions peut devenir cruelle.

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Sa mère ne l’encourage pas. Elle vit en Floride et lui dit que tous les forfaits sont pour deux adultes et deux enfants. «Après ça, c’est juste de la folie!»

À presque 19 semaines de grossesse, Émilie sent le premier coup dans son ventre, «du bonheur à l’état pur».

Mort avant de naître

Puis une échographie à 21 semaines démontre que le cœur ne bat plus. Cela survient dans moins de deux pour cent des grossesses avancées. L’accouchement est provoqué: un beau garçon à l’air paisible, mais inanimé.

Cinq mois, un peu plus de 21 semaine, 152 jours, puis partir les bras vides après un accouchement. Cela donne lieu à des passages que nous lisons souvent les larmes aux yeux.

Émilie comprend que le deuil comporte plusieurs étapes et croit naïvement qu’elle progressera de façon linéaire d’une phase à l’autre. Or, elle avance et recule sans cesse entre les différentes phases.

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Le cœur, le cerveau et l’âme naviguent en montagnes russes.

Signe de métamorphose

Le titre du roman tient au fait que la libellule est un signe de métamorphose et de transformation. Le deuil ne se termine jamais. C’est un processus qui vous habite à des intensités variables tout au long de votre vie.

La romancière excelle dans l’art de ciseler des descriptions détaillées des p’tits bonheurs, des défis, des drames et des amitiés qui peuplent la vie du couple.

La meilleure amie d’Émilie est une lesbienne qui vit elle aussi en couple. L’insémination artificielle est envisagée dans son cas.

Autofiction?

Contrairement à Émilie et à la romancière, je suis célibataire et je n’ai donc jamais tenu un enfant aux creux de mes bras. Cela ne m’a pas empêché de vibrer aux scènes parents-enfants.

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De brefs passages sur les relations entre Émilie, Olivier et leur mère respective ont ajouté du piquant au récit.

La libellule semble bien être une autofiction. À la fin du roman, Claudia Turgeon remercie ses filles et «mon ange qui a appris à voler de ses propres ailes beaucoup trop tôt, mais qui a guidé mon écriture».

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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