Boucar Diouf ne veut pas opposer la mort à la vie

Boucar Diouf, Ce que la vie doit à la mort.
Boucar Diouf, Ce que la vie doit à la mort. Quand la matriarche de famille tire sa révérence, essai illustré par Philippe Béha, Montréal, Les Éditions La Presse, 152 pages, 26,95 $.
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Publié 02/11/2022 par Paul-François Sylvestre

Avec Ce que la vie doit à la mort, Boucar Diouf illustre comment l’une et l’autre sont les deux faces opposées d’une même pièce.

Il donne comme preuve que, en fin de vie comme en fin de grossesse, les soins importent: «il faut accompagner un vénérable mourant avec la même attention qu’un vulnérable bébé».

Repousser la mort

Et il ajoute que, après le dernier souffle comme avant le premier, personne n’a conscience de ce qui se passe. «On ne perçoit pas plus sa propre mort qu’on se rappelle sa naissance.»

Médecine, microbiologie, immunologie, épidémiologie, autant de disciplines scientifiques vouées à retarder notre «date de péremption». Peu importe l’origine ou la croyance, vouloir repousser la mort est «une préoccupation légitime et importante pour tous les Sapiens».

Il n’en demeure pas moins que la naissance reste un verdict de condamnation à mort.

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Pas de perdants

Avec le nombre croissant de cancers, on a tendance à parler de combat, comme dans vaincre le cancer. Diouf croit qu’on devrait bannir de notre langage cette association. On éviterait «que certaines personnes se sentent comme des perdants en quittant ce monde».

Les humains en deuil cherchent un sens au drame qui bouscule leur vie. Boucar Diouf en a fait l’expérience après le décès de sa mère. Il note, entre autres, «que la mort aiguise nos sens et nous pousse à l’ouverture et à l’hypersensibilité».

Il en résulte qu’on accorde plus d’attention à des événements qui passeraient normalement inaperçus «et on élabore des interprétations qui nous guérissent».

La matriarche éléphant

Tout au long de cet essai finement ciselé, l’auteur dresse un parallèle avec la matriarche éléphant. Pourquoi ? Parce que, comme les matriarches de nos familles, «ces animaux incarnent une sorte de générosité naturelle».

La force d’une telle cheffe, écrit-il, réside dans sa mémoire des routes ou haltes migratoires qui permettent de s’abreuver.

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«Par leurs activités, les éléphants changent leur environnement au grand bonheur de la biodiversité : ils sont à la fois les jardiniers, les paysagistes et les planteurs de graines qui transforment les écosystèmes pour le bien de la nature.»

Carcasse généreuse

Lorsqu’une matriarche éléphant s’effondre, sa carcasse devient le terrain de toutes les convoitises. Chaque acteur de la savane se prépare à festoyer. «De cette carcasse généreuse, chacun voudra obtenir sa part.»

L’auteur précise qu’il en allait de même pour nos ancêtres lointains avant qu’on commence à enterrer leurs corps.

«Passé la légitime phase de stress, d’anxiété et de nostalgie, il faut se ressaisir et ouvrir de nouveau son cœur à ce que la vie a de beau à offrir.» La mort des uns contribue ainsi la naissance et l’épanouissement des autres.

La sagesse africaine nous rappelle que «la mort est l’aînée, la vie sa cadette; nous, humains, avons tort d’opposer la mort à la vie».

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Biologiste humoriste

Comme on le sait, Boucar Diouf est un biologiste devenu un humoriste.

Au début de son aventure dans le monde du spectacle, il s’est posé beaucoup de questions sur la pertinence de ce métier. Il n’a pas tardé à conclure que «mourir régulièrement de rire est un médicament extraordinaire pour rester en santé!»

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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