Jean-Robert Gauthier a été conseiller scolaire (1961-1972), député fédéral (1972-1994) et sénateur (1994-2004). Le fil conducteur de sa longue carrière aura été la défense de la francophonie à tous les niveaux, du local à l’international. Le plus important legs testamentaire de Gauthier aura été de rendre exécutoire (et non seulement déclaratoire) la Loi sur les langues officielles. C’est ce qui ressort de la biographie que signe Rolande Faucher: Jean-Robert Gauthier: «Convaincre… sans révolution et sans haine».
Cette biographie autorisée est très détaillée et nous présente toutes les facettes de la vie de Gauthier: l’enfance d’un orphelin et sa résilience, ses années d’études, de chiropraxie et d’engagement au niveau scolaire, sa vie politique au niveau fédéral et ses nombreuses luttes linguistiques. Le sous-titre du livre est tiré du premier discours que Gauthier prononce à la Chambre des communes le 11 janvier 1973.
Rolande Faucher nous apprend que le grand-père Gauthier a montré à Jean-Robert à être discipliné, à se fixer des objectifs clairs et réalisables et à toujours foncer droit vers le but à atteindre. On découvre que c’est le Club Richelieu d’Ottawa qui a appris à Gauthier à parler en public; c’est là aussi qu’il a tissé des liens avec la «mafia francophone d’Ottawa».
Comme Gauthier a été député pendant 22 ans (moins quelques poussières), le livre s’attarde longuement sur cette période. On y voit un homme qui – dans ses interventions à la Chambre des communes, dans les journaux, dans les réunions publiques – brasse la cage et déplore souvent «l’apathie de la population». Il adopte souvent un ton coup de poing. C’est le cas, en 1976, à la suite de l’élection du Parti Québécois: «Nous [les Canadiens français] ne deviendrons pas les Palestiniens de l’Amérique du Nord, repoussés et refoulés dans des ghettos linguistiques ici et là dans ce qui restera du pays.»
À la Chambre des communes comme au Sénat, Gauthier prend position sur toute question touchant les francophones en situation minoritaire: éducation, santé, justice, Loi sur les langues officielles, Charte des droits, Constitution. «Il sera éventuellement étiqueté de “fatigant constitutionnel” par ses collègues, sobriquet qu’il porte avec fierté.»