On parle beaucoup de l’Iran ces derniers temps. C’est l’occasion d’évoquer un aspect souvent méconnu de la culture iranienne qu’elle doit à un penseur de premier plan, tellement illustre à son époque, que ses disciples l’avaient surnommé «Cheik el-Raïs» (Prince des savants). Ce prince portait le nom d’Ibn Sina, latinisé en Avicenne.
Ce titre élogieux, Avicenne le mérite bien. «Avicenne est un rationaliste, c’est une certitude. Il est un métaphysicien, un physicien, un mathématicien, un médecin, un logicien…», fait remarquer l’orientaliste Christian Jambet. Et l’on peut ajouter qu’il «a tout lu» ou presque de ce qui existait de son temps.
Né en 980 près de Boukhara, dans l’actuel Ouzbékistan — et décédé en 1037 à 57 ans — Avicenne montre très tôt un grand intérêt pour les sciences naturelles et la médecine qu’il étudie seul dès 14 ans. Très jeune, il étudie le calcul chez un marchand. Très doué, le jeune garçon surpasse bientôt son maître, en calcul et en mathématiques.
Il étudie à Boukhara, s’intéressant à toutes les sciences, surtout à la médecine. Mais il se plonge aussi dans la Métaphysique d’Aristote. Précoce dans les études de ces deux domaines complexes, la médecine et la philosophie, il s’illustrera par la suite dans ces deux disciplines.
Avicenne le médecin
À 16 ans déjà, il dirige des médecins célèbres. Mais il avait déclaré que pour lui la médecine «n’est assurément pas une science difficile». À 17 ans, grâce à sa connaissance et à la pratique de la médecine, il guérit d’une grave maladie l’émir de Boukhara, Nuh ibn Mansûr, ce qui le rend célèbre et lui ouvre l’entrée de la cour et celle de la bibliothèque impressionnante de l’émir.