Autour de la Soufrière en Guadeloupe

Mettre à l'avant le patrimoine environnemental

Volcan la Soufrière Guadeloupe
Sommet de la Soufrière: le gouffre Tarissan et le rocher de la Guenon, le passage de la porte d'enfer, la végétation d'altitude dominée par les mousses, les lichens, algues et ananas montagne (avant 2019). Photos: Véronique Hardel-Nicolas
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Publié 29/03/2021 par Annik Chalifour

Situé dans le prestigieux parc de la Guadeloupe, le volcan de la Soufrière constitue le plus haut sommet des Petites Antilles. Logé dans la commune de Saint-Claude, ce remarquable volcan, en état de repos éruptif, offre une vue imprenable de l’île.

La visite des gouffres et cratères ne peut se faire qu’en compagnie d’un guide de montagne diplômé d’État.

Volcan la Soufrière Guadeloupe
Zoom sur le volcan de la Soufrière.
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La Guadeloupe, un paysage luxuriant.

Voici un parcours virtuel de la Soufrière en compagnie de Henri Marie, guide de montagne diplômé d’État, originaire de la Guadeloupe, que j’ai rencontré lors du Salon international du Tourisme de Montréal en octobre 2019.

Tourisme alternatif

Très impliqué en matière de tourisme vert, Henri Marie est formateur de guides de montagne pour le ministère de la Jeunesse et des Sports, président des Auberges de Jeunesse et de la Maison de la Randonnée et du Tourisme Vert (MRTVG).

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Henri Marie, président de la MRTVG, et Rudolf Dérose, coordonnateur du RENAPROTS (Haïti), Salon du Tourisme de Montréal 2019. Photo: Annik Chalifour

Partageant la passion du patrimoine environnemental, nous aspirons à poursuivre la promotion du tourisme alternatif dans les Antilles francophones à l’ère post-pandémie.

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S’agissant de la Soufrière, Henri Marie a rédigé une petite étude spécialisée sur la modification de la végétation du volcan en fonction de l’altitude et de l’interaction avec le milieu. Cet article s’inspire de ses recherches.

Bains jaunes

L’ascension de la Soufrière débute aux Bains jaunes: un bassin situé à 950 m d’altitude construit par les troupes d’infanterie de marine en 1887.

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Randonnée pédestre écotouristique avec la MRTVG.

Le bassin se remplit par thermo siphonnage (un système permettant la circulation de l’eau assurée par les différences de sa température). Celle-ci varie entre 26 et 31 degrés Celsius, explique Henri.

Ce bain thermal apprécié de la population est efficace pour le traitement des affections rhumatismales, dermatologiques et des rhumes saisonniers.

«Il y a quelques dizaines d’années, l’eau y était jaune à cause de la présence de soufre d’où le nom de Bains jaunes. Du bassin, on emprunte le Pas du Roy, sentier pavé, également créé par les militaires. Une ascension soutenue d’environ 30 minutes.»

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Écosystème particulier

«Le vent, la température, la forte pluie (10 à 12 m d’eau par an), la permanence des nuages, l’acidité des fumerolles (petits panaches de vapeur sortant de terre) et l’effet de pente facilitent l’érosion et l’altitude provoquant un étagement particulier de la végétation.»

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Oreille à l’éléphant.
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Orchidées blanches.

«Au fur et à mesure que l’on progresse en altitude, la végétation change d’aspect et de composition. Au sommet elle est complètement modifiée!»

«La couverture végétale de la Soufrière varie en fonction de la façade exposée aux éléments du climat. Cet environnement montagnard constamment influencé par un climat fortement versatile contribue à modifier sa végétation hétéroclite, mais également son mode de vie.»

Genèse de la Soufrière

«Au pied du dôme de la Soufrière (1150 m d’altitude) on se trouve face à sa végétation spécifique, dominée entre autres par les mousses, lichens, algues, fougères herbacées, mangles (arbustes), ananas jaunes et rouges», détaille Henri.

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Lycopodes à feuilles persistantes.
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Superbe fruit de la siguine.

Une opportunité de découvrir le fonctionnement du volcan, la composition des fumerolles, la tectonique des plaques, l’histoire des îles volcaniques des Petites Antilles et l’économie locale générée par les visites guidées de ce volcan emblématique haut en couleur.

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On apprend notamment à propos du réseau de surveillance de la Soufrière: le télescope à muons, sismomètre, fissuromètre, inclinomètre.

Les données sont transmises par ondes radio à l’Observatoire sur le dôme du Houelmont (423 m d’altitude), situé à 10 km de la Soufrière.

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Le sommet de la Soufrière, avec ses gouffres et cratères rejetant des fumerolles acides et chaudes avec dépôt de soufre.
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Masque et cartouches de protection anti-gaz pour la visite des fumerolles acides et chaudes au cratère Sud à la Soufrière.

Sommet impressionnant

La visite de la Soufrière permet d’apprécier les divers aspects de son surprenant étagement végétal depuis le niveau de la mer jusqu’à son impressionnant sommet.

«On passe d’une végétation xérophytique (botanique) au niveau de la mer à une végétation mésophytique (de montagne) puis hygrophytique (plantes tropicales) à partir des 700 m d’altitude», précise Henri.

«Au-dessus des 1000 m, on observe une végétation d’altitude pour terminer avec une couverture végétale (mousses, algues, ananas rouges) au sommet du volcan.»

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Ressourcement

«L’excursion s’adresse à tout public intéressé par la connaissance du milieu forestier montagnard, du fonctionnement des volcans, du réseau de surveillance installé autour de l’édifice volcanique, et adepte de sylvothérapie ou de ressourcement.»

Restrictions: les personnes présentant des pathologies cardiaques et/ou locomotrices.

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Chute de Bras de Fort à Goyave.

Patrimoine rural tropical

Outre la visite de la Soufrière, la Maison de la Randonnée et du Tourisme Vert (MRTVG) propose le parcours agritouristique  La ligne verte centrée sur l’économie rurale de la Guadeloupe.

Un riche menu de randonnées écotouristiques guidées par Henri Marie au cœur du fascinant patrimoine naturel antillais: champs de canne, plantations de fruits, caféiers, bananiers, culture du manioc, flore tropicale, mer et montages, et beaucoup plus…

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Balade au cœur du milieu rural antillais.
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Visite chez les cultivateurs de bananes.
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Sentier sur l’histoire du peuplement. Roches gravées amérindiennes.

La MRTVG prévoit de lancer plusieurs projets novateurs dont, entre autres, les rallyes de la canne, du sucre et du rhum; la création d’un CPIE (Centre Permanent d’Initiative pour l’Environnement; la pratique de la sylvothérapie pour publics sensibilisés aux bienfaits de la forêt.

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Économie verte durable

Le tourisme antillais axé sur la découverte et le respect de l’environnement tropical représente un outil de développement communautaire garant de l’économie locale durable au sein de la Caraïbe francophone, selon la MRTVG.

Volcan la Soufrière Guadeloupe
Grand Étang, l’une des randonnées proposées par la MRTVG pour découvrir la forêt tropicale.

Outre les circuits alternatifs de la MRTVG, citons les initiatives du RENAPROTS et du Centre Ban-Yen en Haïti: une belle solidarité en perspective entre îles francophones à l’avantage du tourisme rural tropical.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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