Pour plusieurs, la mention d’Agota Kristof rappelle Le Grand Cahier, son premier roman paru en 1986 et traduit en 33 langues. Ce que les gens ignorent, c’est qu’il a été écrit par une analphabète.
Cela nous est révélé dans un récit autobiographique qui s’intitule justement L’Analphabète.
La maladie de la lecture
Née en Hongrie, Agota Kristof (1935-2011) attrape « la maladie inguérissable de la lecture » à l’âge de quatre ans. Placée en internat, elle se tourne vers l’écriture pour supporter la douleur de la séparation.
« Des phrases naissent dans la nuit. Elles tournent autour de moi, chuchotent, prennent un rythme, des rimes, elles chantent, elles deviennent poèmes. »
À 21 ans, Kristof doit fuir la Hongrie; elle aboutit en Suisse où elle affronte une langue totalement inconnue, le français. « C’est ici, écrit-elle, que commence ma lutte pour conquérir cette langue, une lutte longue et acharnée qui durera toute ma vie. » Le français va tuer sa langue maternelle.