Aurait-on oublié Francisco de Goya ?

190e anniversaire de sa mort en 2018

Goya
Allégorie de la Constitution de Cadix, Nationalmuseum, Stockholm, Suède.
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Publié 01/07/2018 par Gabriel Racle

On peut fort bien se demander si Goya est tombé dans l’oubli, puisque cet artiste espagnol est mort le 16 avril 1828, et que le 190e anniversaire de ce décès n’a fait l’objet d’aucune publication ou exposition, à part quelques lignes dans le journal Le Figaro du 29 mars 2018. Et ce peintre est décédé en France, à Bordeaux.

Voici d’ailleurs ce que l’on pouvait lire: «Il y a 190 ans, le 16 avril 1828, Francisco Goya disparaissait. À l’occasion de l’anniversaire de sa mort, Le Figaro vous propose de tester vos connaissances sur ce prolifique peintre du XVIIIe siècle. Auteur de 700 tableaux, 300 gravures et 900 dessins.»

Ces quelques lignes montrent à l’évidence l’intérêt que l’on peut porter à cet artiste en faisant sa connaissance et celle de ses œuvres, sans attendre 2028, comme le font peut-être auteurs, éditeurs ou directeurs de musées et responsables d’exposition. Toujours à l’avant-garde, L’Express prend les devants!

Goya
El pintor Francisco de Goya, par Vicente López y Portaña (1772-1850), 1826, Musée du Prado, Madrid.

Saragosse

Francisco José de Goya y Lucientes, dit Francisco de Goya, est né le 30 mars 1746 à Fuendetodos, une petite commune de moins de 200 habitants proche de Saragosse, une importante vile du nord-est de l’Espagne. Il est le sixième et dernier enfant d’une famille dont le père. doreur, aura une grande influence sur l’orientation artistique de ce fils.

Doué, celui-ci est rapidement pris en charge par un ami de la famille, Martin Zapater (1747-1803), un riche commerçant aux idées avant-gardistes.

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Après avoir travaillé un temps pour subvenir aux besoins de sa famille, Francisco intègre en 1760 l’Académie de dessin de Saragosse. Il y perfectionne son talent artistique, sans pour autant connaître un succès immédiat, mais plutôt des échecs.

Goya
La novillada, (La course de jeunes taureaux), 1780, Musée du Prado, Madrid.

Le succès en Italie

Il quitte alors l’Espagne pour l’Italie, après un court passage par la France. Dans le domaine artistique, il quitte le style baroque tardif et les images pieuses, pour découvrir et s’initie au romantisme et à la peinture réaliste.

Cette évolution lui permet de se faire connaître et reconnaître avec de premiers succès lors de son retour à Madrid en 1775, avec plusieurs commandes de la manufacture royale concernant des cartons de tapisserie dans un style rococo.

Deux ans plus tard, il peint son premier chef-d’œuvre, L’ombrelle. Il a adopté un style néo-classique qu’il rencontre aussi sur place. La renommée qui découle de ses séries de cartons lui apporte la célébrité.

Goya
El quitasol, Le Parasol ou L’Ombrelle, 1777, carton pour tapisserie. Musée du Prado. Madrid.

Oeuvres originales

En 1780, le titre d’académicien de mérite lui est décerné, puis de peintre attitré du roi d’Espagne en 1786. Il perd cependant ce statut au début des années 1790, et s’y ajoute une grave maladie contractée en 1793.

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C’est un moment décisif dans sa vie, car il devient plus créatif. Il produit des œuvres originales sur des thèmes moins connus que ceux de ses productions pour la décoration des palais royaux.

C’est ainsi qu’il peint la série des Caprices entre 1793 et 1798, ou les Majas vers le début du XIXe siècle, qui lui valent une réputation toujours d’actualité.

Goya
Enfants jouant aux soldats, 1779, Musée du Prado, Madrid.

Napoléon

Les commandes se multiplient. De 1799 à 1807, Goya est au paroxysme de sa gloire en peignant des portraits de la famille royale.

Mais à partir de 1808, l’empereur français Napoléon occupe Madrid et chasse le roi, et le peuple se révolte. Goya s’engage contre la guerre et fait une série de gravures et d’estampes pour dénoncer l’horreur des batailles.

Mais le libéralisme français le séduit. Pacifiste, il s’en prend aux envahisseurs français et aux guérilleros espagnols. Il continue pourtant de peindre: autoportraits et estampes énigmatiques.

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En 1824, craignant pour sa vie, Goya s’exile en France, à Bordeaux, après un passage par Paris. Il peint jusqu’à sa mort à Bordeaux le 16 avril 1828, où il est inhumé.

Goya
La Duchesse d’Alba,1795, collection Casa de Alba, Palais de Liria, Madrid).

Son œuvre

L’œuvre de Goya est aussi variée que considérable, de 1777 à sa mort. Le Figaro donne une bonne comptabilité des productions de l’artiste. Les articles qui lui sont consacrés énumèrent généralement les peintures les plus célèbres.

Au Louvre à Paris se trouvent huit peintures, dont: La Femme à l’Éventail; Portrait de la Marquise de la Solana; Portrait de Ferdinand Guillemardet; Portrait de Mariana Waldstein, marquise de Santa Cruz; Portrait de Maria Luis de Cistue enfant. Quelques dessins et plusieurs estampes se trouvent au MBAC à Ottawa.

Le Musée du Prado à Madrid détient un grand nombre de tableaux célèbres. Voici quelques titres: La Gloire, L’ombre, La novillada, Autoportrait, La Marquise de la Solana, Las Mort du picador, La Duchesse d’Alba en blanc, Le Miracle du Saint Allégorie de l’Amour..

Goya
La Maja vestida, 1800-1803.

Postérité

«Le sillage de Goya se perpétue depuis plus de cent cinquante ans, du romantisme à l’expressionnisme, voire au surréalisme: aucune part de son héritage n’est restée en friche. Indépendant des modes ou se transformant avec elles, le grand Aragonais reste le plus actuel, le plus « moderne » des maîtres du passé.» – Paul Guinard, Les peintres espagnols, 1969.

Goya
La Maja desnuda, 1790.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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