Aristote Kavungu : goût jubilatoire pour le corps d’une femme

Aristote Kavungu, L’Accordéoniste
Aristote Kavungu, L’Accordéoniste, roman, Paris, Éditions L’Harmattan, coll. Encres noires, 2021, 182 pages, 20,29 $ (pour la version numérique).
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Publié 24/11/2021 par Paul-François Sylvestre

Dans son sixième roman intitulé L’Accordéoniste, Aristote Kavungu illustre comment un homme peut avoir un «goût jubilatoire pour la femme, une fascination pour son corps qu’il tenait pour la plus belle œuvre d’art jamais conçue».

L’ouvrage est tour à tour historique, romantique, poétique et un tantinet érotique.

Aristote Kavungu, de l’Angola au Congo

Le protagoniste se nomme Petrus. Son pays de naissance et son pays d’exil ne sont jamais mentionnés. Mais on sait qu’il parle le portugais et a vécu à Luanda, donc en Angola. Il arrive là où se déroule une guerre de sécession en 1964, donc au Congo.

Aristote Kavungu illustre avec brio comment Petrus est un séducteur invétéré, un grand contemplateur devant l’éternel du corps de la femme, comment il aime exercer son charme foudroyant. Quand on vit avec cet homme, «il faut aller au-delà du traditionnellement correct, du convenu».

À 23 ans, Petrus est jeune et beau. L’exil lui donne «l’occasion d’aller en mettre plein la vue, d’afficher son insolente jeunesse au nom de son pays». Il adore étonner, surprendre, aimer et vivre à contre-courant. C’est un personnage qui alterne constamment entre l’artiste et le rebelle.

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Plusieurs jeunes femmes

Presque tous les autres personnages sont de jeunes femmes. Petrus couche avec chacune d’elles, mais il ne baise pas le premier soir, par principe. Ce n’est pas l’envie qui manque, bien au contraire.

Le jour de son exil, Petrus reçoit un accordéon de son grand-père, avec livret d’instruction. Il apprend à jouer de cet instrument et devient presque un virtuose. L’indépendance du Congo force l’accordéoniste à trahir son grand-père, «à faire une concession à l’absurde, seulement pour épargner sa vie».

La culture de l’épouse de Petrus l’oblige à «observer un respect absolu, presque de l’obséquiosité, pour son mari». Ce dernier en tire avantage, bien entendu. Il ne comprend pas la profonde solitude de sa femme.

Mise en page pénible

Arrêté pendant la guerre de sécession au Congo et condamné à mort, Petrus se tire d’affaire grâce à son accordéon et à sa poésie. L’instrument se présente comme la métaphore de sa vie.

Mon seul regret avec ce roman concerne la mise en page; elle n’est pas soignée et rend la lecture pénible à certains moments. Comme il y a ni alinéa ni césure typographique, on a l’impression d’avoir un ouvrage amateur en main. C’est dommage car le texte, lui, demeure excellent.

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Aristote Kavungu est né au Congo de parents angolais. En 2003, à la suite de la parution de son roman Un train pour l’Est, il est d’abord finaliste au Prix des lecteurs de Radio Canada. Puis il remporte le Prix Christine-Dumitriu-Van-Sannen du Salon du livre de Toronto.

Son dernier roman, Mon père, Boudarel et moi, paru aux Éditions L’interligne, a été finaliste au Prix Trillium 2020.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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