Adolescence: Camille Deslauriers jette des ponts sur l’eau trouble de la vie

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Camille Deslauriers, Eaux troubles et autres embruns, nouvelles, Montréal, L’instant même, 2021, 154 pages, 13,95 $.
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Publié 05/09/2021 par Paul-François Sylvestre

À travers 24 nouvelles assez succinctes, Camille Deslauriers décrit les troubles de l’adolescence, s’arrêtant plus particulièrement à l’identité, à l’amitié, à la sexualité et à l’imagination. Son recueil Eaux troubles et autres embruns peint une brochette de jeunes souvent en période de rébellion.

Camille Deslauriers a publié Eaux troubles en 2011. À l’occasion de la réédition en format poche, elle a jouté 10 nouveaux très courts récits dans une section intitulée « Et autres embruns ». On retrouve Moema, Olga, Nicolas, Marc-Aurèle, Amélia et compagnie en salles de classe au niveau secondaire ou dans leurs familles, tentant de jeter des ponts sur l’eau trouble de leur vie.

Le vertige de l’adolescence

Les mises en scène sont variées et parfois drastiques. Ainsi, Amélia ne voulait pas se suicider lorsqu’elle est montée sur le parapet du pont Jacques-Cartier. « C’est juste le vertige qu’elle recherche. » Nicolas, pour sa part, a choisi de dessiner… Car lorsqu’on invente, « on peut même changer le cours de sa vie ».

Pour Olga, derrière le voile des illusions, il y a la scène; son exutoire est le théâtre. Quant aux nageuses Noémie et Mylène, la vie s’avère une chorégraphie perpétuelle. On les appelle « les Conjuguées », et elles semblent évoluer sous les regards complices de Sappho…

Des sobriquets pour les profs

Les profs sont présents dans ce recueil, surtout sous des sobriquets. Jacinthe Sénéchal, prof d’arts plastiques, devient Jacinthe-Sénéchal-Prozac. Jérôme Saint-Gelais, prof de géographie, est appelé Jérôme-Saint-Gelais-l’Australopithèque. La prof de yoga Béatrice Migneault a droit à trois surnoms : Béatrice-Béatitude-Migneault, Béatrice-Bouddha-Migneault et Bienheureuse-Miséricorde-Migneault.

Camille Deslauriers excelle dans l’art de commencer une nouvelle par une phrase incisive ou intrigante. En voici quelques exemples : « Pierre-Luc est une huître. Le secret d’Émilie a un goût d’orange. Il y a des mots qui puent. »

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Couleurs exceptionnelles

Dans une nouvelle au sujet de la suppléante de français, Amélie Larose, on a droit à une leçon sur les noms employés comme adjectifs. On écrit « nous étions coquelicot, pas de s », mais « nous étions écarlates, avec un s ». Pourquoi ? « Parce que rose, mauve, pourpre, incarnat, écarlate et fauve sont des exceptions. »

Il n’en faut pas plus pour que la suppléante soit surnommée Amélie-Larose-Mauve-pourpre-incarnat-écarlate-et-fauve!

À noter que la prof suppléante utilise des textes poétiques pour faire découvrir des univers littéraires. Et que choisit-elle? Un poème de Cécile Cloutier.

Recueil introspectif sur l’adolescence

Publié chez L’instant même, Eaux troubles et autres embruns se veut un recueil introspectif sur une période souvent problématique de la vie. Les mots de Camille Deslauriers sont ceux d’une fine psychologue.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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