À travers 24 nouvelles assez succinctes, Camille Deslauriers décrit les troubles de l’adolescence, s’arrêtant plus particulièrement à l’identité, à l’amitié, à la sexualité et à l’imagination. Son recueil Eaux troubles et autres embruns peint une brochette de jeunes souvent en période de rébellion.
Camille Deslauriers a publié Eaux troubles en 2011. À l’occasion de la réédition en format poche, elle a jouté 10 nouveaux très courts récits dans une section intitulée « Et autres embruns ». On retrouve Moema, Olga, Nicolas, Marc-Aurèle, Amélia et compagnie en salles de classe au niveau secondaire ou dans leurs familles, tentant de jeter des ponts sur l’eau trouble de leur vie.
Le vertige de l’adolescence
Les mises en scène sont variées et parfois drastiques. Ainsi, Amélia ne voulait pas se suicider lorsqu’elle est montée sur le parapet du pont Jacques-Cartier. « C’est juste le vertige qu’elle recherche. » Nicolas, pour sa part, a choisi de dessiner… Car lorsqu’on invente, « on peut même changer le cours de sa vie ».
Pour Olga, derrière le voile des illusions, il y a la scène; son exutoire est le théâtre. Quant aux nageuses Noémie et Mylène, la vie s’avère une chorégraphie perpétuelle. On les appelle « les Conjuguées », et elles semblent évoluer sous les regards complices de Sappho…
Des sobriquets pour les profs
Les profs sont présents dans ce recueil, surtout sous des sobriquets. Jacinthe Sénéchal, prof d’arts plastiques, devient Jacinthe-Sénéchal-Prozac. Jérôme Saint-Gelais, prof de géographie, est appelé Jérôme-Saint-Gelais-l’Australopithèque. La prof de yoga Béatrice Migneault a droit à trois surnoms : Béatrice-Béatitude-Migneault, Béatrice-Bouddha-Migneault et Bienheureuse-Miséricorde-Migneault.
Camille Deslauriers excelle dans l’art de commencer une nouvelle par une phrase incisive ou intrigante. En voici quelques exemples : « Pierre-Luc est une huître. Le secret d’Émilie a un goût d’orange. Il y a des mots qui puent. »