Le gène qui accroît le risque d’Alzheimer est étonnamment répandu chez les humains. Ce qui plonge les généticiens dans une profonde perplexité: se pourrait-il qu’il ait un avantage qu’on ne soupçonnait pas? Une nouvelle recherche répond par l’affirmative… si l’infection par des parasites est prise en compte.
Selon cette recherche, chez les Chimane, un peuple semi-agricole de l’Amazonie qui vit sans électricité ni eau courante, une variante du gène ApoE (apolipoprotéine E) améliorerait les «performances cognitives» chez les gens qui sont les plus infectés par des vers et autres parasites intestinaux.
On connaît trois variantes au gène ApoE — numérotées E2, E3 et E4. Seule la dernière est associée à un risque trois fois plus élevé d’Alzheimer. Une personne porteuse de deux copies de l’ApoE4 est même estimée être huit à 12 fois plus à risque.
Cette variante serait présente chez environ un quart des Américains — et jusqu’à un tiers des Afro-Américains. On a observé des taux plus élevés encore ailleurs dans le monde, par exemple au Nigéria — mais de concert, là-bas, avec des taux plus bas d’Alzheimer.
Le plus étrange est que parmi les 372 villageois amazoniens de 6 à 88 ans que ces chercheurs américains et boliviens ont interviewés, ceux qui étaient porteurs du gène ApoE4 avaient effectivement de moins bonnes notes dans les tests d’attention et de mémoire. C’est uniquement lorsqu’on se concentrait sur ceux qui étaient les plus infectés par des parasites que la donne changeait.