Des œuvres colorées, multiformes et étincelantes

Le peintre moscovite Léopold Survage

SURVAGE, abstrait ou cubiste? Éditions d'Art Somogy et plusieurs musées, relié, 24,6 x 28 cm, 100 illustrations, 168 p. La couverture reproduit Villefranche-sur-mer, 1915, huile sur toile, 146 x 115 cm.
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Publié 15/10/2017 par Gabriel Racle

C’est un livre surprenant que nous proposent les Éditions d’Art Somogy sous le titre Survage, abstrait ou cubiste? Et l’illustration de la couverture de cet ouvrage ne nous apporte pas de réponse à cette question, loin de là. Mais au fait, qui est Survage?

Cette autre question est aussi bien légitime, car les recherches faites pour retrouver la présence de cet artiste dans nos musées canadiens sont restées vaines. Pourtant, si l’on consulte Internet, on découvre que de nombreuses expositions ont été consacrées à cet artiste. Une quinzaine entre 1945 et 2000.

Et de nos jours, les expositions se poursuivent: Musée du Biterrois, Caserne Saint-Jacques à Béziers, France, printemps 2017, Musée Pierre André Benoît, Alès, France, du 30 juin au 8 octobre 2017, MiLL – Musée Ianchelevici, La Louvière, Belgique, du 27 octobre au 14 janvier 2018, Musée de la Faïence et des Beaux-arts, Nevers, France, du 10 février au 29 avril 2018. Survage serait donc une célébrité!

Aquarelle, L'immeuble cubiste, 2007
Aquarelle, L’immeuble cubiste, 2007

Un Moscovite

Léopold Survage est né à Moscou le 31 juillet 1879. Son père, Léopold Édouard Stürzwage, est originaire de la ville de Villmanstrand, actuellement Lappeenranta, ville finlandaise située à la frontière avec la Russie, mais qui, après avoir fait partie du royaume de Suède jusqu’au début du XIXe siècle, était passée sous la souveraineté de la Russie en 1809.

Après des études classiques pour l’époque et le lieu, il travaille à l’atelier de son père qui construit des pianos et devient apprenti facteur de piano de 1897 à 1900. En 1901, il entre à l’école des beaux-arts de Moscou.

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Il a l’occasion de voir des collections privées comportant de tableaux de peintres célèbres: Manet, Gauguin, les impressionnistes, Matisse, et d’autres peintres, et de rencontrer des peintres russes de renom comme Mikhaïl Larionov, qui gagnera Paris en 1914, David Bourliouk qui rejoint les États-Unis en 1915 via le Japon et le Canada, Soudeïkine qui se rend à Paris en 1920, et Sapounov.

En 1903 il peint sa première œuvre connue à ce jour, Moscou, et il participe à diverses expositions. La découverte de Matisse et la ruina des affaires paternelles le poussent à quitter Moscou et à se rendre à Paris le 12 juillet 1908, afin de suivre les cours que donnait alors le chef de file du fauvisme.

Un Parisien

Grâce à ses relations moscovites avec la célèbre claveciniste russe Wanda Landowska, il trouve un travail d’accordeur de piano à la maison Pleyel, manufacture de pianos française fondée en 1807 par Ignace Pleyel.

Il suit les cours de l’Académie Matisse et de l’Académie Colarossi, appelée également «Académie de la Grande Chaumière», du nom de la rue, une école d’art parisienne, fondée en 1870, par le sculpteur italien Filippo Colarossi. Il retrouve aussi le sculpteur Alexander Archipenko, né à Kiev, qu’il rencontrait à Moscou. Il n’est pas en pays perdu.

Il expose des œuvres pour la première fois en 1912. En 1914 il avait achevé l’élaboration des principes du «rythme coloré» qui établissent une analogie entre la forme visuelle colorée et la musique. Les toiles exposées au Salon des Indépendants sont les ébauches d’un «film cubiste» qui ne sera pas réalisé à cause de la guerre mondiale qui éclate.

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L'âge d'or (Cheval noir), 1936.
L’âge d’or (Cheval noir), 1936.

L’artiste

L’invention des Rythmes colorés a fait de Survage l’un des premiers peintres abstraits, mais aussi le premier artiste qui a perçu le cinéma comme un moyen d’expression artistique, avec la peinture ou la sculpture. Le poète français Apollinaire, ayant découvert les Rythmes colorés, fut le premier à défendre son travail: «Nul avant Survage n’a su mettre dans une seule toile une ville entière avec l’intérieur de ses maisons.»

Il organise la première exposition de Survage dans une galerie parisienne en 1917, regroupant trente-deux tableaux. En 1920, l’association «Section d’Or» dont Survage est fondateur se charge d’organiser les expositions en France et à l’étranger. En 1921, Survage participe à l’exposition «Les maîtres du cubisme».

Dès lors. Survage travaille et sa réputation devient internationale. En 1927, une exposition présente ses œuvres à Chicago. Ses expositions se multiplient. Il crée des tableaux religieux et se consacre à la peinture monumentale dans les années 1950-1960, une fresque sur le thème de la Paix à Liège. Il décède à Paris le 31 octobre 1968, à 89 ans.

Catalogue

L’ouvrage des Éditions Somogy est un véritable catalogue des œuvres de Survage, présentées en pleine page, dont les couleurs sont éblouissantes. Elles sont présentées sous des titres évocateurs qui suivent l’évolution du peintre, avec des textes explicatifs.

«Survage, sur le chemin des étoiles, L’aventure du Rythme coloré, de Cézanne à l’art abstrait, Léopold Survage, la Couleur, le Mouvement, le Rythme, La période rose ou le cubisme en lumière, Les tons sourds, structure et image, Les années Collioure, la couleur prise au lasso, Survage et le livre, Rêves du penseur et liberté du peintre, peindre la Paix». La Vie et œuvre de Léopold Survage terminent le livre.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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