Papa Doc et ses tontons macoutes sont au cœur du roman À l’ombre du Baron, de Fabienne Josaphat. L’auteure décrit Haïti à la fois comme un étalage de beauté, de décrépitude et de chaos. Duvalier et ses hommes de main sont «le chancre qui dévorait Haïti de l’intérieur».
Le Baron dans le titre du roman renvoie au Baron Samedi qui incarne la mort dans le vaudouisme. L’intrigue se passe en 1965 et met en scène deux frères qui ne frayent pas dans les mêmes eaux: Raymond L’Éveillé est chauffeur de taxi, Nicolas L’Éveillé est prof de droit.
Les deux hommes se sont toujours traités de minus, bornés ou obstinés. Mais voilà que Nicolas est arrêté et envoyé à Fort Dimanche, la prison la plus infernale du régime Duvalier. Raymond va-t-il risquer sa vie pour sortir son frère de ce couloir de la mort?
Nicolas a documenté les tortures et la disparition d’hommes avec une rare minutie. Ce juriste se préparait à publier un manuscrit incendiaire lorsque les matraques des tontons macoutes se sont abattues sur lui comme une machette qui taille les tiges de canne à sucre.
«Les coups tombaient sur ses os comme pour les fracasser l’un après l’autre, comme s’il était pris entre les roues d’une broyeuse. La douleur atroce se propageait par vagues dans sa nuque et dans sa tête. Il ne lui resta plus qu’à espérer mourir.»