J’aime lire des recueils de nouvelles relativement courtes. Je commence presque toujours par la moins longue. Or, Alain Bernard Marchand vient de publier Sept vies, dix-sept morts, un recueil de sept nouvelles de vingt à trente pages chacune. Il a néanmoins réussi à me séduire, à la fois par ses personnages bien campés et par son style finement ciselé.
Le titre indique qu’il est question de vie et de mort. Comme je viens moi-même de publier un récit sur vivre et mourir dans la dignité, je me suis senti particulièrement interpellé par les propos de Marchand.
La première nouvelle dresse le décor d’un mémorial, d’une célébration de la vie à laquelle sont conviés neuf amis du disparu. La dernière nouvelle se termine par la mort d’un frère qui était une minute cinquante-sept secondes plus vieux que son jumeau, trois secondes de moins que l’écart entre ma sœur jumelle et moi.
En conviant ses amis à son prochain mémorial, l’homme précise que «Vous êtes dans mon ADN et m’avez défini beaucoup plus que la maladie qui m’empêchera de vous revoir. Invoquer mes premiers souvenirs de vous, c’est refuser que la photo d’écoliers s’efface d’usure.»
L’auteur a été fonctionnaire dans le domaine des communications. Il connaît le tabac, comme on dit, puisqu’il écrit que les fonctionnaires sont «des travailleurs rompus au fonctionnement ou résorbés dans une fonction». Alain Bernard Marchand a eu la fonction d’écrire des discours, comme l’un de ses personnages. Words, words, words, pour reprendre une réplique dans Hamlet. Le patron prononce «des discours qu’on a rédigés pour lui et cite des livres qu’on a lus pour lui».