En matière d’équité et d’accès à la justice, l’Alberta se trouve au dernier rang des 10 provinces et 3 territoires du Canada. C’est ce qui se dégage d’une étude comparative publiée le 28 septembre dernier par l’Institut Macdonald-Laurier sur l’état de la justice pénale au Canada.
En réunissant un ensemble considérable de données provenant de Statistique Canada et grâce à des méthodes statistiques quantitatives, les professeurs Benjamin Perrin et Richard Audas ont calculé des dizaines de mesures en vue d’évaluer le système de justice pénale de chaque province et territoire relativement à cinq grands objectifs: la sécurité publique, le soutien aux victimes, les coûts et les ressources, l’équité et l’accès à la justice ainsi que l’efficacité.
Ce processus a révélé d’excellents résultats relativement à quelques indicateurs clés dans certaines juridictions, mais aussi quelques échecs lamentables dans d’autres cas. Le système de justice ontarien éprouve de graves problèmes d’efficacité: la province affiche le pire bilan au Canada en ce qui concerne la proportion d’accusations suspendues ou retirées, laquelle est de 43,1 % en moyenne comparativement à seulement 9,0 % au Québec.
Qui faut-il tenir responsable des constatations faites sur l’équité et l’accès à la justice pénale en Alberta? Il est important de souligner que les statistiques sur lesquelles se sont penchées les professeurs Perrin et Audas sont celles de l’époque du régime conservateur.
Il s’agit donc du temps où, par exemple, ministres et fonctionnaires albertains refusaient de rencontrer les représentants des juristes d’expression française de l’Alberta pour discuter tant de la justice pénale que de la justice civile; que ce qui était dit en français devant le tribunal pouvait ne pas être inclus dans la transcription de l’audience sous la prétention qu’il s’agissait là de l’utilisation d’une langue étrangère; que la version française du formulaire prévu à l’article 650.01 du Code criminel n’était pas mise à la disposition des juristes et justiciables comme l’était la version anglaise.