Rire de son petit monde québécois

Robert Aird et Marc-André Robert, L’Imaginaire comique dans le cinéma québécois, 1952-2014, essai, Québec, Éditions du Septentrion, 2016, 282 pages, 29,95 $ (papier), 21,99 $ (pdf).
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Publié 30/08/2016 par Paul-François Sylvestre

Robert Aird et Marc-André Robert ont vu 150 longs métrages pour trouver comment le rire a contribué à définir les Québécois. Le fruit de leur recherche a donné lieu à un essai intitulé L’Imaginaire comique dans le cinéma québécois, 1952-2014. Cet ouvrage sérieux fera parfois sourire les lecteurs.

L’année 1952 renvoie au film Ti-Coq, de Gratien Gélinas. Avant cette production, le Service de ciné-photographie provincial occupait presque à lui seul le grand écran avec des films d’information gouvernementale. Les longs métrages de fiction étaient surtout le fait de maisons de production privées «qui se spécialisaient dans le mélodrame, laissant le champ du rire presque complètement en friche».

Le sexe demeure une source intarissable d’éclats de rire. Juste pour l’année 1970, il y aurait eu de 15 à 20 films érotiques à l’affiche dans les salles de cinéma à Montréal, qui est «perçue comme la métropole du cinéma cochon». Le rire gras est présent dans Q-bec my love de Jean-Pierre Lefebvre, dans Deux femmes en or de Claude Fournier et dans Après ski de Roger Cardinal.

La duperie est une autre source de comique. Denis Héroux y a recours dans Y a toujours moyen de moyenner (1973), tout comme Roger Fournier dans Les Aventures d’une jeune veuve (1974).

Les personnages solos ont marqué le cinéma québécois et ont fait rire. On n’a qu’à penser à Julien Poulin dans Elvis Gratton, le King des Kings de Pierre Falardeau (1985), à Guy A. Lepage dans L’appât d’Yves Simoneau (2010) ou à Patrick Huard dans Starbuck de Ken Scott (2012).

Au sujet de la série Elvis Gratton, Robert Aird et Marc-André Robert notent que le slapstick, la caricature et la satire n’ont rien de spécifiquement québécois. «Seulement, la caricature est celle du colonisé et la satire vise entre autres le fédéralisme et le bilinguisme canadiens.»

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Les tandems «aux caractères antagoniques ou aux tempéraments incompatibles» sont aussi une recette pour faire rire. C’est le cas de Claude Meunier et Serge Thériault dans Ding et Dong d’Alain Chartrand (1990) ou encore de Benoît Brière et Louis-José Houde dans Le sens de l’humour d’Émile Gaudreault (2011).

Les films de la série Les Boys de Louis Saïa fourmillent aussi de gags, de répliques comiques et de saillies humoristiques».

Les coauteurs signalent que c’est Denys Arcand, plus que tout autre cinéaste, qui a sans doute fourni le plus grand nombre «de séquences pouvant servir de pièces d’anthologie sur l’humour au cinéma québécois». Le Déclin de l’empire américain (1986) en constitue un bel exemple.

Robert Aird et Marc-André Robert concluent que la spécificité de la comédie et de l’humour québécois résident dans «le fort sentiment d’identification». Selon eux, «le public québécois est toujours prêt à aller au ciné voir une bonne comédie qui tourne son petit monde en dérision».

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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